Il s'agit d'un élevage intégré situé dans une zone à haute densité porcine en Espagne. C'est un élevage naisseur-engraisseur d'environ 180 truies reproductrices. Il y a 40 places de maternité réparties dans 5 salles de 8. L'objectif est de 8 mises-bas par semaine.
Il y a peu d'espace et aucune extension éventuelle n'est envisageable. Pour essayer de profiter au mieux de l’espace, les porcs passent par : la maternité, le sevrage, le post- sevrage, le pré-engraissement et l'engraissement.
Le renouvellement se fait avec des animaux de 100 kg livrés par un multiplicateur extérieur.
L'élevage a toujours eu de bons résultats de production, mais elle a chuté peu à peu.
L'élevage est positif en : Aujeszky, SDRP, pneumonie enzootique, gale et pleuro-pneumonie. La situation n'est pas maîtrisée.
• Les truies
ne produisent ce qu'il conviendrait d'attendre ; le taux de retours en chaleurs
est très important, beaucoup de truies ont des difficultés
à être saillies après la mise-bas • Il manque des nés-vivants • Il est difficile d’obtenir l’entrée des cochettes en production. • En phase de croissance, il y a des problèmes sanitaires permanents |
1º semestre an 01 | |
Nombre de truies | Environ 180 |
Nombre de saillies | 247 (9,6 par semaine) |
Nombre de MB | 193 (7,5 par semaine) |
Taux de MB | 78,3 |
MB / truie/ an | 2,15 |
Nés-totaux | 10,6 |
Nés vivants | 9,5 |
Sevrés par portée | 8,4 |
Sevrés / truie / an | 18,2 |
Mortalité sevrage - engraissement | 15% |
Tant l’intégrateur que l’intégré ne sont disposés à accepter cette situation. Ils espèrent un changement afin de revenir à des niveaux de production que l'élevage avait les années précédentes.
Première étape: l'amélioration du sanitaire
Afin d'améliorer le sanitaire, il est prévu de reconvertir l'élevage en un site, en augmentant le nombre de truies.
L'élevage n'arrête pas sa production. Les sevrages et un engraissement sont transformés en salles de maternité, un autre engraissement devient un batiment gestante.
Les pré-engraissements sont transformés en zone d'adaptation pour les truies de renouvellement.
En raison de l'espace limité, le renouvellement se fait par de jeunes truies de 60, 80 et 100 kg. Pour pouvoir assurer une bonne adaptation, une partie de la gestante est réservée seulement pour les primipares. Les primipares et les multipares se mélangent en maternité.
Engraissement reconverti en gestante avec séparation des primipares et multipares |
On vide le sevrage et l'engraissement.
Avant d'augmenter le nombre de truies :
• On évalue
l’état de toutes les truies présentes par rapport à
la maladie d’Aujeszky et on élimine tous les animaux positifs. • La gale est éradiquée. |
Une fois le cheptel de l'élevage devenu stable, les résultats obtenus, comparativement à la situation de départ, sont les suivants :
1º semestre an 01 | Mai 02 / Avril 03 | |
Nombre de truies | Environ 180 | 445,8 |
Nombre de saillies | 247 (9,6 par semaine) | 1209 (67,2 par bande) |
Nombre de MB | 193 (7,5 par semaine) | 1030 (57,2 par bande) |
Taux de MB | 78,3 | 85,2 |
MB / truie/ an | 2,15 | 2,31 |
Nés-totaux | 10,6 | 10,9 |
Nés vivants | 9,5 | 10,2 |
Sevrés par portée | 8,4 | 8,87 |
Sevrés / truie / an | 18,2 | 20,5 |
Mortalité sevrage - engraissement | 15% | 4,65
% Maximum 7 % |
La situation sanitaire s'est considérablement améliorée :
• La gale a
été éradiquée, • La maladie d’Aujeszky a été maîtrisée et éradiquée, • Le SDRP est sous contrôle. |
Améliorations supplémentaires
Bien que la situation se soit améliorée au niveau productif, il y a souvent trop de retours en chaleur et de difficultés pour inséminer les truies. Le nombre de porcs sevrés est trop faible par rapport à ceux qui naissent.
Puisque les retours augmentent à partir du printemps de l'année 02, on organise en novembre une formation sur la conduite des saillies. Pendant 3 mois on note une amélioration mais des problèmes réapparaissent à nouveau. Il faut tenir compte que l'amélioration coïncide avec la période de l'année la plus favorable pour obtenir de bons résultats
Année 02 | Année 03 | Annuel | |||||||||||
mai | juin | juil | aoû | sep | oct | nov | déc | jan | fév | mar | avr | ||
% retours en chaleurs | 8 | 12,9 | 12,8 | 13,1 | 17,3 | 11,1 | 18,5 | 7,55 | 9,01 | 7,25 | 12,8 | 14,5 | 12,08 |
En février de l’année 03, face au froid intense il y a beaucoup de problèmes en maternité, on installe de nouvelles lampes pour avoir des sources de chaleur au moment de la mise-bas.
Au printemps de l’année 03, on améliore la ventilation de la salle de maternité en installant des cheminées, et aussi des "panneaux d'évaporation" (pad cooling) en gestante.
Devant le faible nombre de sevrés, en septembre de l’année 03, on organise une formation sur la conduite en maternité.
Les résultats de chaque bande de production se résument sur les graphiques suivants (chaque colonne correspond à une bande de production, le nombre correspond au mois ; avec des bandes de mise-bas toutes les 3 semaines, il y a des mois qui se retrouvent avec deux bandes de mise-bas et d'autres avec une seule).
Les résultats de cette formation se font sentir dès sa mise en pratique. Le nombre de nés et de sevrés augmente, ainsi que leur qualité.
Mais le plus étrange est d’observer la répercussion de la conduite en maternité sur l'efficacité des inséminations.
Commentaires
Peut-on améliorer la productivité de notre élevage ?
Les résultats obtenus le premier semestre de l’année 04 par rapport au début sont :
1º semestre an 01 | 1º semestre an 04 | |
Nombre de truies | Environ 180 | 433,8 |
Nombre de saillies | 247 (9,6 par semaine) | 654 ( 65,4 par bande) |
Nombre de MB | 193 (7,5 par semaine) | 572 (57,2 par bande) |
Taux de MB | 78,3 | 87,4 |
MB / truie/ an | 2,15 | 2,31 |
Nés-totaux | 10,6 | 11,6 |
Nés vivants | 9,5 | 10,9 |
Sevrés par portée | 8,4 | 9,96 |
Sevrés / truie / an | 18,2 | 23,1 |
Mortalité sevrage - engraissement | 15% | 4,37% |
L'objectif dans tous les élevages est d'augmenter la production, mais pas à tout prix. Les différents changements doivent être rentables. Il faut trouver l'équilibre entre la productivité maximale et le coût minimal et quand cet équilibre sera atteint on obtiendra la rentabilité maximale.
Ce point de stabilité est propre à chaque élevage et à chaque moment. La stratégie ne sera pas la même si le prix du marché est élevé ou faible.
• Dans une situation
de prix bas, on peut effectuer le vide total d'un élevage pour éradiquer
un agent pathogène déterminé. • Dans le cas où le prix du porcelet est très bon, on peut envisager de faire un vide partiel des cases de transitions. |
Quels sont les facteurs qui affectent la productivité ?
• Le sanitaire, • La conduite, • Les installations, l'ambiance, • La génétique, • L'alimentation, • Le bien-être |
Parmi eux, le plus important est le sanitaire. Pouvoir travailler dans des élevages sanitairement stables, permet que la productivité dépende seulement des autres facteurs, en principe plus faciles à maîtriser.
Pour cette raison, dans ce cas, l'axe prioritaire est l’obtention d'un bon niveau sanitaire, avec des garanties d'un maintien stable.
L'important effort pour améliorer le sanitaire ne donne réellement ses fruits que si on obtient des améliorations dans la conduite.
Le personnel est en importance le second facteur qui affecte la productivité. Il ne suffit pas de compter sur du personnel motivé, il est très important de compter aussi sur du personnel préparé. Pour produire, il faut bien connaître les « basiques ».
Il est clair que les inséminations sont le moteur de la productivité d'un élevage, mais on ne peut pas bien saillir des truies mal sevrées, 80% des truies saillies viennent du sevrage.
Les améliorations appliquées dans la conduite en salle de mise-bas permettent que l’on passe par le sevrage de peu et mauvais porcelets à de beaucoup et bons porcelets, en obtenant en plus une bonne truie à maturité pour commencer une nouvelle gestation.
La génétique pourra seulement commencer à démontrer sa capacité de production quand elle disposera d'un bon sanitaire et d'une bonne conduite.
De petits changements effectués dans les installations ont permis de continuer d'être efficaces à des périodes de l'année où les excès climatiques pouvaient compromettre les résultats de production.
Il ne faut pas oublier le bien-être: nous sommes beaucoup à penser que si les animaux sont bien, ils produisent bien.