L'identification d'Haemophilus parasuis comme agent responsable de la maladie de Glässer chez les porcelets a été reconnue il y a presque 100 ans mais, depuis, on a relativement peu avancé dans l'identification des mécanismes de cette bactérie pour produire la maladie.
Les études clinico-pathologiques montrent que cette bactérie doit avoir des mécanismes qui lui permettent de coloniser le tractus respiratoire supérieur, d'atteindre le poumon et de résister aux mécanismes de défense pulmonaires. Par la suite, elle doit être capable d'envahir le sang pour atteindre les différents organes de l'animal où elle se reproduit et entraîne finalement l'inflammation qui donne lieu aux lésions caractéristiques de polysérosite et d'arthrite.
De plus, dans certains cas elle peut arriver à produire une méningite ce qui montre sa capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique. Par ailleurs, on sait qu'il existe des animaux porteurs d'H. parasuis qui ne développent pas la maladie. Ces différences entre les animaux porteurs et malades ne sont pas dues seulement aux différences de l'état immunologique des animaux, mais aussi à des différences de la capacité pathogénique des différentes souches de cette bactérie.
Tableau 1. Isolement d'Haemophilus parasuis de différents organes, après inoculation de porcelets par voie nasale avec une souche isolée préalablement du péricarde. (Adapté de Vahle et al, 1995 J Vet Diagn Invest. 7:476-80 et Vahle et al., 1997 le Chien J Vet Rest 61:200-6)
Organes prélevés pour isolement d'Haemophilus parasuis
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Heures
p.i. * |
Nez
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Amygdales
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Trachée
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Poumon
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Sang
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Péricarde
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Plèvre
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Péritoine
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Articulation
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Méninges
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Foie
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Rate
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4
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++
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-
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+
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-
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-
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8
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++
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+
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-
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12
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++
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+
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18
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++
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++
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26
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++
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++
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++
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36
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++
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+
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+
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++
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+
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+
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+
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+
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+
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84
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+
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+
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+
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+
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++
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+
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108
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++
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*p.i.: post-inoculation |
L'existence de souches d'H. parasuis avec des pouvoirs pathogènes différents a été démontrée lors d?infections expérimentales avec des animaux qui manquaient d'anticorps face à la bactérie. Ces animaux peuvent être obtenus par césarienne ou par mise-bas naturelle, mais dans les deux cas on prive les porcelets de colostrum et on leur administre une alimentation de remplacement dépourvue d'anticorps.
Ainsi, plusieurs auteurs ont observé qu'il existe des souches capables de reproduire le tableau caractéristique de la maladie de Glässer et d'autres souches, en revanche, qui sont inoffensives pour les animaux, même inoculées par voie intra péritonéale.
Les facteurs de virulence permettent aux souches pathogènes de survivre à l'intérieur de l'animal et de causer l'infection, alors que les souches non virulentes manquent de ces facteurs et peuvent seulement survivre dans le tractus respiratoire supérieur en tant que colonisateurs. Pour identifier les facteurs de virulence de H. parasuis, plusieurs études génétiques et fonctionnelles ont été récemment menées.
Figure 1. Coloration de Maneval de la souche virulente Nagasaki, montrant la capsule comme un halo blanc autour de la bactérie. La capsule pourrait être responsable de la résistance au sérum et à la phagocytose chez les souches virulentes d'Haemophilus parasuis.
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Bien que l'on ait essayé différentes méthodes génétiques, on n'a pas, pour l?instant, démontré l'implication d?un gène spécifique dans la virulence d'H. parasuis. Par ailleurs, les études fonctionnelles ont identifié plusieurs mécanismes de virulence. Ces études sont basées sur la comparaison entre des souches virulentes et non virulentes lors d?essais in vitro qui cherchent à simuler les conditions auxquelles s'affronte la bactérie pendant l'infection.
A ce jour, on sait que les souches virulentes d'H. parasuis sont résistantes à la phagocytose des macrophages alvéolaires in vitro, elles sont capables d'envahir des cellules d'endothélium en culture et sont résistantes à l'action bactéricide du sérum (ou, ce qui est la même chose, résistantes au complément).
Ces facultés leur permettront de survivre dans le poumon de l'animal, de traverser les vaisseaux sanguins et, probablement, la barrière hémato-encéphalique, et de survivre dans le sang jusqu'à atteindre d'autres organes. Au contraire, les souches non virulentes meurent en présence de sérum, sont détruites par les macrophages pulmonaires et ne sont pas capables d'envahir les endothéliums de façon efficace.
Des études actuelles sont concentrées sur l'identification des molécules responsables de ces fonctions. Cela permettra la conception de techniques de diagnostic qui différencient des souches virulentes et non virulentes (colonisatrices) et aidera à améliorer les stratégies de contrôle de la maladie, particulièrement dans la fabrication de vaccins qui élimineront de façon spécifique les souches virulentes.
Virginia Aragón. CRESA. Espagne