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Prévisions IFIP des marchés du porc et de l’alimentation animale

Dans un contexte de cours des matières premières en hausse, les éleveurs européens réduisent leur production d’où un recul de l’offre sur le marché du porc en 2023 avec des cours du porc restant à de hauts niveaux.

22 Décembre 2022
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Le marché du porc est impacté par une remontée des prix des matières premières. Les éleveurs de porcs sont dans une situation de crise financière à laquelle s’ajoutent les crises énergétiques, sanitaires, politiques et climatiques. L’offre européenne en porc a ainsi baissé en 2022 de - 4 % par rapport à 2021, qui s’accentuera jusqu’à mi 2023.

Dans l’UE, la baisse de production devrait être de - 3,6 % au 1er semestre 2023/22. En 2023, le marché européen verra un recul de la production d’environ 2,6 % /2022.

En Espagne, l’expansion du cheptel est limitée à cause de la stabilisation des débouchés de l’export vers les pays tiers, de résultats financiers moindres en 2022, de la dégradation de l’état sanitaire d’élevages et des chaleurs. Au 1er sem. 2023, la production porcine espagnole devrait reculer d’environ 3 %/2022, malgré une offre importante. L’arrêt de la croissance devrait être temporaire car les Espagnols à moyen terme consolideront leur position sur le marché européen.

En Allemagne, la chute des effectifs de truies se poursuit à un rythme inquiétant et le marché déjà en difficulté suite aux crises PPA et Covid-19, est confronté à la crise économique et à l’explosion des prix des intrants. La production allemande reculerait au 1er sem. 2023/22 de 2,3 %.

Cette situation devrait s’étendre au Danemark (- 13 % sur cette même période). La filière danoise manque de débouchés en Europe pour les porcelets et vers les marchés tiers pour les viandes et coproduits.

En France, le marché résiste grâce à la stratégie protectrice Le Porc Français. Le soutien financier du gouvernement à la filière limite les impacts. La baisse de la production française serait de 1,2 % au 1er sem. 2023/22.

Les débouchés restent peu dynamiques mais face à l’inflation et au recul de la production européenne, les cours du porc à la production resteront soutenus jusqu’au 1er sem. 2023 : + 50 % au dernier trim. 2022/21, puis + 32 % au 1er trim. 23/22 et + 4 % au 2e trim. 23/22. Les prix enregistrés sont inhabituellement hauts. En France, les prix des porcs sont supérieurs à ceux de 2021 (+ 13 % au 2e trim. 22/21 et + 37 % au 3e trim. 22/21).

UE-28 - abattages et prévisions. Millions de têtes_; %_évol. An. Source : Ifip.
UE-28 - abattages et prévisions. Millions de têtes_; %_évol. An. Source : Ifip.

Les prix des matières premières sont en hausse depuis fin 2020. Pour la campagne 22/23, l’USDA estime la consommation en maïs et en blé supérieure à la production. Pour le soja, la situation est inversée. S’ajoutent la situation géopolitique et les tensions sur le corridor d’exportation en mer Noire. Les estimations de production d’oléagineux sont bonnes. Le prix des tourteaux est impacté par le prix de l’énergie. Coproduits de la production d’huile, leur coût de production est lié au prix de l’énergie. Des usines de trituration pourraient être contraintes à l’arrêt. Les prix seraient stables à des niveaux hauts. La récolte de blé de l’hémisphère nord a été bonne et malgré l’insécurité du corridor en mer Noire, les prix devraient se stabiliser à un niveau élevé. La situation est identique en maïs où la production d’Amérique latine rattrape celle de l’Europe stabilisant les prix à un plateau haut. Avec un coût matière stable, le prix de l’aliment (calcul Ifip) devrait se maintenir sur les prochains mois. Le prix de l’énergie jouera un rôle important dans la fabrication de l’aliment. Les cours élevés de l’aliment et des matières premières semblent être une nouvelle normalité.

Prix de l’aliment porc charcutier Ifip en €/t.
Prix de l’aliment porc charcutier Ifip en €/t.

Ces prévisions dépendent de la guerre en Ukraine, des coûts énergétiques et de leurs impacts sur la production et la consommation mondiale, et de la non-propagation de la PPA sur les marchés européens. Cette situation va exacerber les tensions entre les secteurs de la filière, pour les entreprises de transformation de viandes confrontées aux répercussions des coûts de production…

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