L'auteur s'adresse directement aux éleveurs. Il traite dans cet aricle traite de la gestion des personnes et des animaux et de la sectorisation sain / contaminé
Le travail de l’éleveur de porcs a longtemps été perçu comme peu enviable : pénible, désagréable, astreignant et demandant peu de qualification. Qui le connaît sait qu’il en va en fait tout autrement et ce facteur de production doit être considéré à la fois du point de vue qualitatif, quantitatif et organisationnel.
- L’incidence des qualités professionnelles sur les résultats techniques et économiques est considérable. Ainsi, certaines tâches, comme la détection des chaleurs et la surveillance des saillies ont des conséquences en aval sur toute la chaîne de production.
- Les temps de travaux dépendent étroitement du niveau d’équipement, du type de bâtiment, du type d’élevage, du type d’organisation, des méthodes de travail et de la taille de l’élevage. Un élevage spécialisé avec salariés recherche le plein-emploi du facteur travail, ceci pouvant conduire à des choix où la motivation humaine ou sociale l’emporte sur des considérations économiques. De plus, tout bon manager sait que la charge nominale de travail s’élève dans le temps avec l’inflation alors que celle d’amortissement est « comptablement » constante.
L'organisation de la marche en avant dépendra de l'organisation de l'élevage
(ici quelques exemples d'organisations chez des naisseurs engraisseurs) |
- Sauf dans les unités importantes, bien souvent la (ou les) même(s) personne(s) assure (nt) toute la gamme des travaux, de direction et d’exécution, spécialisés et non spécialisés. Par contre, en élevage de grande taille, on peut définir :
- Un système « vertical » avec une spécialisation par poste de travail et un travail « à la chaîne »,
- Un système « horizontal » avec la responsabilité d’un groupe d’animaux du début à la fin de son cycle de production.
Pour l’élevage familial où le personnel est limité, le système de management est horizontal. Dans la majorité des ateliers, l’organisation est souvent hybride, avec une dominante horizontale où un salarié qualifié occupe un secteur dédié tout en pouvant être affecté à des postes différents dans l’élevage (système vertical). (1) (2)
Toutes les tailles de structure sont donc concernées par cette valence organisationnelle de l’élevage et de l’implication de la « marche en avant » dans le concept de biosécurité en production porcine.
Ce principe de « marche en avant » est régulièrement cité dans les revues et conférences. La marche en avant est prônée aussi bien en France que dans les pays étrangers depuis que ces derniers ont découvert l’intérêt de la conduite en bande et/ou celle du sevrage précoce.
Qu'est-ce que la marche en avant ?
Il n’existe aucune définition précise de la marche en avant. Nous pouvons cependant reprendre le concept utilisé en industrie agroalimentaire, lequel stipule une «organisation des opérations de fabrication visant à ce que le produit devienne de plus en plus sain au fur et à mesure de ses transferts aux différentes étapes du process. On cite notamment l’élimination des conditionnements souillés, le cheminement vers des zones de plus en plus propres, les mesures pour ne pas recontaminer un produit assaini, etc… ». Il s’agit donc d’une réflexion amenant à un réaménagement des méthodes de travail, voire à une redistribution des locaux si possible.
Le procédé de la marche en avant relève d’une amélioration de quatre circuits :
- Circuit des denrées (les chariots d’aliments mais aussi les porcs lors de leurs déplacements…),
- Circuit des déchets (évacuation des lisiers, …),
- Circuit propre (progression du sens du travail, non mélange en cours de travail de porchers travaillant dans des zones différentes, ...),
- Circuit sale (charcutiers lors du départ à l’abattoir, circuit d’accès au lieu d’enlèvement des cadavres par le camion d’équarrissage, …).
A la réflexion, on conçoit donc qu’il est difficile de formuler par écrit une méthodologie dans l’application de la marche en avant au sein d’un élevage donné. C’est donc à vous, éleveurs, de détecter les points forts et les points faibles de ce chapitre de la sécurité sanitaire que vous mettrez en œuvre dans votre outil de production. Cependant, d’une façon générale, des aménagements et des investissements rationnels (et pas nécessairement coûteux) permettent une amélioration.
Dans la deuxième partie nous trouverons quelques exemples d’amélioration des règles de travail qui pourront, dans tous les cas, vous être profitables.