Pourtant, le point de rupture semble proche tant les offres sont faibles, illustrées par des poids qui passent sous les niveaux de l’année passée, voire des années antérieures. Car à la baisse des cheptels annoncée dès le début de l’année est venue s’ajouter une période de canicule qui ralentit la croissance des porcs surtout dans le sud de l’Europe. Mais ces températures trop élevées peuvent avoir également des conséquences négatives sur la consommation de produits à griller en faveur d’aliments plus rafraichissants.
En Allemagne, le prix de référence reste stable malgré une offre peu abondante. Les récents fériés ont laissé peu de reports d’abattage, vite absorbés et dans certaines régions l’offre est même inférieure à la demande. Cependant, certains länder (catholiques) dont la Rhénanie-Westphalie qui est le länder le plus peuplé d’Allemagne, ont célébré la Fête-Dieu jeudi passé et, si cela a pu animer quelque peu la demande, cela a également ralenti l’activité. De toute manière, globalement, les impulsions sur le marché de la viande restent insuffisantes pour actionner des hausses sur les tarifs des pièces et par conséquent sur le prix du porc. La semaine qui débute verra peut-être enfin une évolution du prix tant attendue par les producteurs allemands et ceci avant le début des vacances scolaires, durant lesquelles beaucoup d’allemands quittent le pays.
Le cours belge n’a pas suivi la tendance allemande cette fois puisqu’il augmente de 1 cent du kilo vif. Ici aussi, le niveau des offres est particulièrement bas, cela se traduit par des poids qui se situent actuellement 2 kilos sous les mêmes références 2021 permettant à la pression sur le marché de l’offre de se détendre progressivement. Tous les indicateurs sont favorables à la hausse du prix du porc même si les ventes de porcs vifs vers l’Allemagne restent laborieuses.
En Espagne, le prix du kilo vif, fixé à Mercolleida, a progressé de 1,8 cent. Dans ce pays, le cours augmente crescendo mais à un rythme contenu tant que des mouvements significatifs ne sont pas apparus sur les autres places de cotations et en particulier en Allemagne. En réalité, la situation de marché évolue peu depuis des semaines. Les offres sont faibles et ne suffisent même plus pour 4 jours d’abattage. Certains abattoirs doivent importer des porcs, notamment des Pays-Bas. D’une part, les températures extrêmes sont responsables d’une faible croissance des animaux et d’autre part, la présence de problèmes sanitaires depuis des mois, se traduit à présent par une baisse des porcs prêts à être commercialisés. Les entreprises d’aliment font état d’une baisse des ventes de 20 % ! Des éleveurs de porcelets ont apparemment jeté l’éponge face aux coûts très élevés de production, ce qui laisse, par ailleurs, augurer pour les prochains mois d’une production plus stable voire en repli. Mais en Espagne aussi, la demande actuelle est toujours insuffisante et le marché de la viande reste encore bien approvisionné et concurrencé, rendant très difficile toute valorisation des pièces.
Le sud de l’Europe bénéficie cette année post- pandémique d’un retour en force du tourisme estival. C’est le cas pour l’Italie où la demande de produits de saison est bonne. Les récentes hausses du prix du porc poussent les éleveurs à retarder le départ des animaux ce qui explique que les poids moyens restent encore assez élevés. Dans ces circonstances, les abattoirs sont en recherche active de porcs ce qui favorise la progression du prix à la production.
Aux Etats-Unis, le prix moyen a repris le chemin de la hausse. La semaine passée, les abattages ont été estimés à 2,35 millions, soit 3,5 % de moins que l'année précédente. De manière saisonnière, les abattages diminuent à la fin du mois de juin et en juillet et cela devrait être le cas cette année encore. La demande de porc frais reste bonne et, combinée à la baisse saisonnière des abattages, elle devrait contribuer à soutenir les prix, du moins à court terme.
En Chine aussi, la courbe du prix moyen du porc poursuit son ascension pour se situer au 16 juin à 16,62 CNY pour un équivalent de 2,37 euros.
MPB : lundi : même cours à 1,698, jeudi : hausse de 0,1 cent à 1,699 euro
Une hausse toute symbolique de 0,1 cent a été enregistrée au Marché du Porc Breton le jeudi 16 juin après que le prix ait été reconduit à l’issue de la première séance hebdomadaire. En soustrayant volontairement un peu plus de 1000 porcs à la vente, les groupements vendeurs ont tenté, par des invendus, de faire pression sur les abattoirs et les amener à surenchérir les lots. Mais la faible amplitude des enchères montre le faible engouement des abattoirs à couvrir leurs besoins. Pourtant, les abattages ont été importants avec 381 068 porcs abattus après la baisse d’activité de la semaine de la Pentecôte. D’autre part, malgré la présence du férié du lundi de la Pentecôte et la baisse d’activité engendrée, les poids sont déjà repartis à la baisse puisqu’ils se sont établis à 94,90 kg en perdant 354 grammes. Comme constaté dans d’autres bassins de production, les poids moyens sont actuellement bien en-dessous des poids de l’an passé à la même période, mais aussi en-dessous des années antérieures puisqu’il faut remonter à 2018 pour trouver des poids inférieurs à la même semaine.