Le recensement du cheptel porcin de mai‐juin 2022, concernant 12 pays européens, a montré un déficit total sur un an de 4,6 millions d’animaux tandis que le nombre de truies avait baissé de 334 000 têtes dont 243 000 truies gestantes. Dans ce relevé, sont absents les chiffres de la Pologne et du Royaume Uni qui devraient être parmi les plus représentatifs de la forte baisse de cheptels. Concernant l’Allemagne, le Danemark, la Belgique, les Pays‐Ba et l’Autriche, la baisse moyenne est de l’ordre de 7% (cheptel total et reproducteurs). La croissance espagnole semble, elle, s’essouffler avec un cheptel total en hausse de 0,5 % et un cheptel reproducteur en hausse de 0,4%. Le cheptel français accuse une baisse de 2,5% environ (total et reproducteurs). La baisse de la production européenne est donc actée et durable. Si la baisse des températures qui a succédé aux récents épisodes de canicule cet été a permis récemment un regain de l’offre de porcs charcutiers, les niveaux des années antérieures sont loin d’être atteints. Les poids augmentent partout en raison d’une meilleure croissance des animaux mais se maintiennent sous les références des années passées. Malgré cette baisse de production qui persiste, il semble que de nouvelles revalorisations des prix du porc soient de plus en plus difficiles à obtenir en raison d’une plus forte pression exercée par les abattoirs qui peinent de plus en plus à répercuter ces hausses sur le marché de la viande. La hausse généralisée des prix dans tous les domaines d’activité et la défense du pouvoir d’achat poussent les entreprises à rechercher la stabilité des prix du porc, voire à les baisser.
C’est le cas en Allemagne où les producteurs, qui avaient espéré une nouvelle hausse, ont vu le prix du porc se stabiliser, provoquant un surplus d’annonces de porcs jusque‐là retenus. Le commerce de la viande est fluide, quelques revalorisations sur les pièces sont obtenues mais elles ne couvrent pas les coûts de production des entreprises.
Cette stabilité du prix du porc a été suivie au Danemark ainsi qu’en Autriche. En Belgique, bien que l’offre et la demande soient assez équilibrées, la pression des abattoirs s’est traduite par une baisse de 2 cents du kilo vif. De même, le marché du porcelet reste difficile avec une forte pression sur le prix payé, inférieur aux coûts de production.
En Espagne, les offres de porcs sont en hausse un peu plus chaque semaine, de même que les poids qui restent cependant inférieurs de 2 kilos aux mêmes références de l’an passé. Malgré cette reprise de la production, elle reste insuffisante aux besoins des abattoirs qui craignent pour leur approvisionnement dans les mois qui viennent. Comme chaque année après les hausses intervenues au printemps et à l’été, la courbe du prix du porc devrait s’inverser sans toutefois retrouver une forte amplitude tant l’offre de porcs est et restera serrée.
En Italie, la faiblesse de l’offre est telle qu’elle ne permet pas une activité sur 5 jours, les poids baissent encore. La demande et la consommation sont correctes pour la période ce qui permet aux abattoirs de passer les hausses sur le marché de la viande, notamment sur les pièces à destination de la transformation.
Aux Etats‐Unis, le prix tend à se stabiliser après une baisse de 20% depuis son plus haut niveau la deuxième semaine d’août. Depuis le début de l’année, la baisse des abattages se situe autour de 2,8%, soit 2,5 M de porcs abattus en moins en 2022 (à la semaine 37). L’état du cheptel reproducteur est attendu avec beaucoup d’intérêt ces prochains jours. L’USDA a déjà estimé une hausse de la production porcine américaine de l’ordre de 1,4% pour 2023. Cela pourrait être obtenu sans une hausse du cheptel reproducteur avec des poids plus élevés et une meilleure productivité. Mais selon le Daily livestock Report, les producteurs ont dû faire face ces 2 dernières années, à des cas de SDRP et à des pertes liées à ce virus.
En Chine, le cours du porc progresse toujours et se situe à 24,29 CNY le 23 septembre 2022 (3,49 euros). Toujours dans le but d’équilibrer l’offre et la demande de porc et de stabiliser les cours, les autorités chinoises continuent de mettre sur le marché des stocks issus des réserves d’Etat.
MPB : hausse de 0,7 cent dans la semaine à 2,049 euro
Au Marché du Porc Breton, le cours du porc poursuit sa lente progression au rythme de quelques millièmes chaque semaine depuis un mois. Selon les calculs réalisés par l’IFIP, le prix payé breton est le plus élevé d’Europe actuellement. Cette fermeté du prix s’explique par une offre de porc insuffisante pour les besoins actuels (et futurs de la plupart des abattoirs). Cela se traduit au cours des séances de vente par une forte concurrence livrée entre les abattoirs sur certains lots de porcs, situation assez inédite à cette période de l’année. Malgré tout, les hausses restent contenues pour les mêmes raisons évoquées pour les autres places européennes à savoir les difficiles répercussions de ces hausses sur le marché de la viande, malgré une viande de porc encore compétitive face aux autres protéines animales. L’activité sur la zone Uniporc Ouest s’est stabilisée à 362 648 porc abattus, les poids ont augmenté de 169 grammes à 94,11 kilos, résultat d’une meilleure croissance des animaux en élevage depuis la baisse des températures.