Les baisses de cours du porc se sont succédées dans le Nord de l’Europe après la publication mercredi 16 juin de la référence allemande en recul de 9 cents. Le récent repli des achats chinois a provoqué un retour des grands exportateurs européens, l’Espagne, le Danemark, les Pays‐Bas sur le marché européen avec des viandes aux tarifs très agressifs. Malgré la faiblesse de l’offre, la récente résistance des grands abattoirs allemands face aux tentatives de hausse du prix du porc s’est donc traduite par une franche dévalorisation du cours car la vente des pièces est laborieuse et nécessite des réductions de tarifs.
Si sur le marché intérieur européen, la situation sanitaire s’améliore et permet l’élargissement de la restauration hors foyer, cela reste tout de même insuffisant pour compenser la baisse des exportations vers les pays tiers.
Suivant l’exemple de l’Allemagne, les références des pays du Nord de l’Europe ont décroché dans une même amplitude. Le prix d’acompte danois chute pour un équivalent de 8 cents d’Euro, en Autriche, la baisse du cours du porc est de 5 cents car si le marché de l’offre est fluide, les exportateurs nationaux ont fait pression en raison d’un commerce peu florissant. De la même manière, en Belgique, le prix du kilo vif s’est replié de 8 cents. Le prix aux Pays‐Bas décroche lui aussi de 9 cents (Beursprijs).
En Espagne, la tension est forte depuis le ralentissement de la demande chinoise. Sur le premier trimestre 2021, l’Espagne a exporté 894 000 tonnes, ce qui correspond à 65% environ de sa production, 71% à destination des pays tiers et 33% environ à destination de la Chine. Le retour sur le marché européen s’effectue sur des bases de prix plus faibles. Sur le marché intérieur, les prix des pièces ont une fois de plus baissé de 10 cents en moyenne. Le besoin en porcs des abattoirs est à présent plus limité d’autant plus que cette nouvelle semaine comprendra un férié en Catalogne. La faiblesse de l’offre, la baisse constante des poids préservent, (pour le moment), le cours qui ne s’est replié que de 1 cent/kg vif. Mais l’absence de la Chine qui avait contribué à l’ascension du prix du porc en Espagne, va certainement conduire à un ajustement du prix plus conforme au marché européen.
Aux Etats‐Unis, le prix du porc, toujours en hausse, a toutefois peut‐être atteint sa limite haute. Selon un analyste américain, il a été constaté une hausse remarquable des dépenses alimentaires des consommateurs américains depuis le printemps avec un record en mai. Ce soutien de la demande intérieure a contribué à ce niveau de prix. Les abattages de la semaine 23 se sont élevés à 2,440 M de têtes (+23,5% par rapport à la semaine précédente qui comprenait un férié et une baisse d’activité due à la cyber‐attaque chez JBS).
Au 9 juin, le prix moyen en Chine est à 16,24 CNY pour un équivalent de 2,09 euro le kilo vif, 45,4% sous la même référence 2020 et 7% au‐dessus de la référence 2019. La baisse constante du prix du porc en Chine fait craindre la fermeture de certains élevages face au niveau très élevé des coûts de production qui pourrait mettre en danger l’approvisionnement futur en viande de porc.
Selon Reuters, la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC) a déclaré dans un communiqué qu'elle prévoyait d'améliorer le fonctionnement de ses réserves de porc pour aider à stabiliser la production porcine et les prix du porc. La NDRC a déclaré qu'elle augmenterait considérablement ses stocks. Le but est d’acheter sur le marché lorsque les prix tombent trop bas et de libérer des stocks lorsque les approvisionnements deviennent tendus. Selon un analyste de Rabobank « L'objectif principal est d'envoyer un signal au marché que le gouvernement ne laissera pas les prix baisser davantage ».
MPB : 1,547 euro (cours stable)
Au Marché du Porc Breton, le cours du porc a préservé la stabilité face à la tourmente baissière européenne. Il est à noter toutefois qu’au cours de la séance du jeudi 17 juin, les groupements vendeurs ont su résister à quelques tentatives de pression à la baisse en refusant des enchères trop basses. Sur le marché de l’offre, les quantités sont toujours à la baisse, l’activité de la semaine passée s’est élevée à 373 416 porcs, en retrait de 9 454 porcs par rapport à la semaine précédente, les poids moyens se sont à nouveau repliés de 341 g à 95,44 kg. Cela représente une baisse de 770 g en 2 semaines.