Le circovirus porcin de type 2 (PCV2) est l'agent étiologique de plusieurs maladies qui peuvent affecter les porcs dans toutes ses phases de production ; la maladie systémique par le PCV2 (PCV2-SD) et l'infection subclinique par le PCV2 (PCV2-SI) sont les principales. Ce groupe de pathologies sont collectivement connues comme maladies du circovirus porcin (PCVD). La grande variété de pathologies associées à ce virus en combinaison avec sa répartition mondiale a un impact économique significatif dans l'industrie de la production porcine. Dans cet article on discutera des propriétés du PCV2 et de ses implications sur sa pathogénicité, sa transmission et sa persistance.
Microscopie électronique d'un ganglion lymphatique d'un porc avec du PCV2-SD. Notez la présence de corps d'inclusion intra-cytoplasmiques de PCV2 (ICI) ; sur quelques zones, les particules virales peuvent être disposées en structures para-cristallines (cadre de l'image de droite). Photo de Carolina Rodríguez-Cariño, thèse doctorale.
Le PCV2 est un virus icosaédrique non enveloppé, avec une chaîne circulaire simple d’ADN de 1.76-1.77 kb qui appartient au genre Circovirus de la famille des Circoviridae. Sa taille est d'environ 12-23 nm de diamètre et c’est le virus le plus petit touchant les mammifères. Le génome du PCV2 est formé par 11 marques ouvertes de lecture (ORFs) présumées, mais l'expression protéique est seulement décrite pour l'ORF1 (gen Rep, qui codifie pour les enzymes réplicases, non structurelles, Rep y Rep'), ORF 2 (gen CAP, qui codifie pour la protéine de la capside) et ORF 3 (qui codifie pour une protéine non structurelle qui induit l'apoptose dans les cellules PK-15). La protéine de la capside a des propriétés immunogénétiques, étant capable d'induire une réponse humorale et cellulaire efficace, c'est pourquoi il n'est pas surprenant qu'elle soit l'élément commun dans les vaccins commerciaux contre le PCV2.
Les études phylogénétiques ont révélé un pourcentage important d'identité (> 93%) entre les souches de PCV2. Bien que plusieurs études initiales n'aient pas considéré significatives les différences entre les isolats de PCV2, des travaux postérieurs ont divisé les souches de PCV2 en deux groupes principaux appelés génotype "a" (PCV2a) et "b" (PCV2b). Ensuite, un troisième génotype (PCV2c) a été décrit rétrospectivement sur des porcs danois dans les années 1980. On a finalement décrit un quatrième génotype (PCV2d) en Chine, bien qu'on sache aujourd'hui qu'il est aussi présent dans d'autres parties du monde. Dans des conditions appropriées, le PCV2a et le PCV2b sont capables de reproduire expérimentalement le PCV2-SD. Toutefois, le PCV2b a été plus souvent mis en rapport avec l'expression de la maladie, autant dans des infections expérimentales que dans des études épidémiologiques, où le changement de la prédominance du génotype PCV2a par le PCV2b sur les animaux a été associé avec l'apparition épidémique de PCV2-SD. Dans ces conditions, on ne peut écarter la possibilité d'une infection concurrente avec plus d'un génotype au niveau d’un élevage. Actuellement tous les vaccins contre le PCV2 sont basés sur le PCV2a, bien qu'ils aient démontré des résultats excellents montrant une protection croisée contre le PCV2b. En allant un peu plus loin, les vaccins expérimentaux contre le PCV2b ont démontré de meilleurs résultats meilleurs contre le PCV2b que ceux du PCV2a, ce qui montre que la protection homologue est apparentement plus efficace.
Les propriétés biologiques et physico-chimiques du PCV2 n'ont pas encore été complètement caractérisées.
Le virus est très résistant dans l'environnement, montrant aussi une grande résistance aux traitements chimiques et thermiques (tableau 1).
Tableau 1. Effet des conditions environnementales et des traitements thermiques et chimiques sur le pouvoir infectant du PCV2.
Effet sur le pouvoir infectant du PCV2 | |
pH |
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Traitements thermiques |
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Traitements chimiques |
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Le PCV2 est un virus spécifique à l’espèce porcine qui peut infecter les porcs et les sangliers. On a fait des recherches sur sa capacité à infecter d'autres espèces comme les bovins, les ovins, les caprins, les équins, les canins, les félins, les lapins, les cobayes, les volailles ou les hommes, sans montrer de sensibilité apparente. D'autres études montrent que le PCV2 peut se répliquer et se transmettre entre souris ; en ce sens, on a suggéré un rôle comme hôte alternatif ou vecteur mécanique pour les rats et les souris dans les élevages porcins, puisqu'on a déjà rencontré le PCV2 chez des individus de ces espèces qui vivent dans élevages porcins, mais non chez ceux qui vivent dehors. Toutefois, le rôle des souris dans l'épidémiologie totale du PCV2 est probablement faible. On a détecté le PCV2 dans toutes les voies d'excrétion/sécrétion analysées, étant présent dans la cavité nasale, les amygdales, les bronches, la salive, la conjonctive oculaire, les fèces, l'urine, le lait et la semence. La transmission se fait généralement par voie oro-nasale même si la voie transplacentaire est aussi possible. Les truies maintiennent l'infection dans les élevages et, à partir d'elles, infectent les porcelets ; ceux-ci peuvent souffrir d'une infection de longue durée, avec de la virémie jusqu'à 28 semaines. Voyant que le PCV2 possède une haute résistance environnementale et des capacités élevées de transmission, il n'est pas surprenant que ce soit un virus persistant avec une répartition ubiquiste, présent dans pratiquement tous les endroits où on élève des porcs.