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Quel schéma d'insémination recommandez-vous ?

Poursuivant la série d'articles dans lesquels le spécialiste de la reproduction porcine et de l'insémination artificielle Javier Gil nous donne les points clés d'une bonne gestion pour améliorer la fertilité et la prolificité, cet article abordera les critères à prendre en compte pour établir un schéma correct d'insémination.

Dans les élevages, nous trouvons différentes schémas d'insémination établis, certains avec des procédures plus compliquées (avec détection et insémination matin et après-midi), par rapport à d'autres plus simples (détection le matin et inséminations toutes les 24 heures) et les deux protocoles peuvent être exécutés en effectuant la première insémination au moment ou après une période d'attente. Il n'y a pas d'avantage évident de certains systèmes par rapport à d'autres, car il est possible de voir de très bons et très mauvais résultats sur des élevages avec n'importe quel type de protocole.

"Le meilleur système est celui qui fonctionne".

Dans de nombreux cas, ce n'est pas le schéma d'insémination (à quel moment la semence est déposée à l'intérieur de la truie) qui ne fonctionne pas correctement, mais la méthode d'insémination (la façon dont le la semence est déposée à l'intérieur de la truie) qui est à l'origine du problème. Ce n'est que dans le cas d'une analyse de l'élevage qui montre l'existence d'un problème dans le schéma d'insémination qu'il serait opportun de modifier le dit schéma.

Si dans un élevage on utilise le système simple (inséminer quand on détecte les chaleurs et toutes les 24 h, tant que la truie a le réflexe d'immobilité) et qu'il fonctionne, il ne faut pas le changer. Cependant, si ce système donne de mauvais résultats (par exemple, 80% de fertilité et/ou 1 porcelet de moins qu'il ne devrait), il faut le remplacer par un système plus complexe, avec des inséminations le matin et le soir (avec un intervalle d'au moins 8h), qui est le plus adapté, mais plus laborieux. D'autre part, il est parfois nécessaire de passer du système du matin et soir à un système avec un intervalle de 24 heures, car l'horaire de travail intensif (on travaille uniquement le matin) rend presque impossible l'insémination avec un intervalle d'au moins 8 heures entre deux inséminations, intervalle qui est considéré comme nécessaire pour que l'utérus revienne à la normale après une insémination.

La semence vit environ 24h à l'intérieur de la truie et, si elle est inséminée pendant 3 jours avec un intervalle de 24h, la probabilité de fécondation sera élevée, car il y a des spermatozoïdes disponibles pendant un pourcentage très élevé de la période d'oestrus, bien que la truie ne soit généralement fécondée que par une de ces doses. Bien qu'une période de 72 heures soit théoriquement couverte, avant la deuxième et la troisième insémination, elle est proche de la limite de la viabilité des spermatozoïdes et constitue donc une erreur.

L'échec peut également survenir si la dose fécondante, celle effectuée quelques heures avant ou au moment de l'ovulation, échoue parce que le sperme utilisé est en mauvais état ou parce qu'elle est mal effectuée et ne laisse pas suffisamment de spermatozoïdes dans l'utérus.

Cependant, lors de l'insémination matin-après-midi/soir-matin, les spermatozoïdes des doses consécutives se chevaucheront à l'intérieur de l'utérus, ce qui augmente la probabilité d'avoir des spermatozoïdes viables au moment de l'ovulation et, par conséquent, une plus grande probabilité de fécondation, évitant également l'effet d'une mauvaise insémination ou l'utilisation de semence en mauvais état, tant que les deux doses consécutives ne proviennent pas du même lot.

On sait depuis de nombreuses années, sur la base de multiples études scientifiques, que la durée de l'œstrus dépend de l'intervalle sevrage-chaleurs (ISC) et qu'un ISC court produit normalement un œstrus long et inversement, un ISC long produit un œstrus court. Il est également connu que la fenêtre de fécondation est beaucoup plus petite que la période de chaleurs (temps pendant lequel la truie montre le réflexe d'immobilité) puisque l'ovulation ne commence généralement pas avant le début du dernier tiers de cette période et se produit de façon discontinue pendant 6-8 h., ce qui rend la probabilité d'ovulation grâce à la viabilité des ovocytes qui est de 6 à 8 h supplémentaires, de sorte que la fenêtre de fécondation est d'environ 12-16 h sur les 35-90h que peut durer un oestrus (environ 65h chez une truie avec un ISC de 4 jours), (figure 1).

Figure 1 : Représentation graphique du réflexe d'immobilité, de l'ovulation et du moment optimal de l'IA chez une truie avec un œstrus de 60h. Source Carles Casanovas.

Figure 1 : Représentation graphique du réflexe d'immobilité, de l'ovulation et du moment optimal de l'IA chez une truie avec un œstrus de 60h. Source Carles Casanovas.

On suppose donc que, chez la plupart des truies, l'insémination pendant le premier tiers des chaleurs ne produira pas de fécondation puisque l'ovulation est encore loin (plus que les 24h de survie des spermatozoïdes), C'est pourquoi, dans de nombreux élevages de truies blanches, un système d'insémination retardée est appliqué dans le but de gaspiller le moins de doses possible (l'utilisation moyenne des doses en Espagne est de 2,7 - 2,8 par chaleur, alors que dans les pays du nord de l'Europe, elle est de 1,2 - 1,8, c'est-à-dire que de nombreuses truies sont fécondées avec une seule dose par chaleur).

Le schéma d'insémination avec attente, en laissant 24 heures pour celles qui viennent en chaleur avec un ISC court, ou du matin à l'après-midi ou de l'après-midi au matin pour celles qui ont un ISC de 5-6 jours, et en inséminant toutes les 8/16 heures, nécessite une détection deux fois par jour, pour avoir un bon contrôle sur le début des chaleurs, et un bon système d'enregistrement qui permet d'appliquer à chaque truie le protocole approprié à son ISC.

Un bon système d'attente adapté à chaque élevage est le moyen de réduire au maximum le nombre d'inséminations par oestrus, en pouvant atteindre 1,5.

Il faut éviter d'inséminer plus de 2 fois, le nombre de troisièmes inséminations doit être inférieur à 20% car, si ce n'est pas le cas, cela indiquerait que les détections et/ou les enregistrements du début des chaleurs ne sont pas faits correctement ou que des inséminations tardives sont faites, dans la période suivant l'ovulation où il y a encore des signes de chaleur.

L'excès d'inséminations entraîne une augmentation des dépenses et, ce qui est plus important, du volume de travail, étant également possible de produire des processus d'écoulement vaginal chez les truies qui reçoivent des inséminations post-ovulatoires.

En ce qui concerne les nouvelles techniques avec les échographes à haute définition, qui sont capables d'identifier le stade du cycle de la truie (l'insémination peut être effectuée peu de temps avant ou au moment de l'ovulation), il s'agit scientifiquement de méthodes de grande valeur, mais avec un besoin important de qualification de la personne qui les réalise et un haut niveau de disponibilité du personnel, puisque le suivi de la croissance folliculaire, et donc du moment du cycle oestral, nécessite plusieurs observations chaque jour, ce qui rend difficile sa mise en œuvre en élevage.

L'établissement d'un schéma d'insémination correct, ainsi que la mise en œuvre d'une méthode d'insémination correcte, sont deux points indispensables pour obtenir une bonne fertilité. Dans l'article suivant, nous allons approfondir sur le volume et la concentration de la dose séminale et sa conservation, qui est d'une importance vitale pour réaliser une insémination correcte.

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