L’arrivée de la PPA aurait des conséquences économiques importantes pour les filières porcines. Compte tenu des débouchés à l’export, la perte des marchés asiatiques est un fort enjeu économique. La fermeture de ces marchés modifierait les flux du commerce et un repli des cours à la production.
Afin de se préparer à l’arrivée de la peste porcine africaine (PPA), les organisations professionnelles, entreprises de la filière porcine et services de l’Etat ont simulé la mise en place d’un Plan d’Intervention Sanitaire d’Urgence après la contamination d’un élevage breton. L’objectif est d’évaluer l’impact économique sur la filière porcine française.
L’expérience récente de l’Allemagne a montré des conséquences importantes sur les marchés. Elles ont servi à estimer l’impact économique potentiel de la maladie sur la filière porcine française. Après la découverte du virus de la PPA chez des sangliers sauvages, plusieurs pays ont suspendu leurs importations de produits allemands. Les exportations vers les marchés tiers ont été redirigées vers le marché européen et des pays où les produits porcins sont moins valorisés. La PPA a entraîné une baisse des exportations de 16 % en volume avec une incidence très négative sur les marchés tiers (- 62 %). En valeur, l’impact économique de la PPA est d’autant plus important : repli de 30 % tous débouchés confondus dont - 70 % vers les marchés tiers.
En France, une trentaine d’outils agréés vers les marchés asiatiques dont la Chine serait concernée par une perte de débouchés. Compte tenu du portefeuille clients des exportateurs français, l’impact économique de la PPA serait important. La redistribution des flux vers le marché européen et d’autres destinations ne compenserait pas la fermeture des marchés asiatiques. La perte pour le secteur export en France a été estimée entre 256 à 364 millions d’euros. Le montant varie si le virus est découvert dans un contexte où la demande d’import des pays tiers est forte (comme en 2020 – scénario 1) ou habituelle (moyenne des 5 dernières années – scénario 2).
Les exportations de viandes des pays infectés sont un enjeu fort à cause des pertes de débouchés. Un pays touché par le virus n'arrête pas totalement ses exportations si les mesures recommandées dans le Code terrestre de l’OIE sont suivies par les Autorités du pays. Les derniers cas de PPA en Europe ont montré que ce principe accepté par les membres de l’OMC n’est pas respecté par plusieurs pays dans le monde. De grands importateurs mondiaux de porc ont cessé leurs achats en provenance des pays infectés parmi lesquels la Chine, le Japon, la Corée du Sud. La France a récemment signé un accord avec la Chine sur la reconnaissance du zonage. L’accord assure le maintien des exportations pour les zones non infectées par le virus. Grâce à cet accord, l’impact évalué par la simulation serait moindre.
Une autre conséquence économique à prévoir est la chute du prix du porc à la production. La fermeture des marchés à l’export entraine une hausse de l’offre disponible sur les marchés intérieurs et européen et la fluidité du commerce est perturbée. Ce déséquilibre entre offre et demande est bousculé pendant plusieurs mois.
En France, la PPA causerait un décrochage des cours à la production d'environ 14 %, soit une perte estimée entre 21 et 23 cts/kg selon la conjoncture. Les arrêts d’exportations entraînent un surplus de pièces et de produits, puis une baisse de la demande des abatteurs et enfin une baisse du prix du porc. Les relevés épidémiologiques montrent la menace de la PPA sur les élevages avec la découverte du virus en Italie à près de 80 km de la frontière française.
L’estimation de l’impact économique n’a pas intégré l’accord de zonage avec les pays susceptibles de suspendre leurs importations qui atténuerait ces effets économiques et protéger le marché national.