Dans l'article précédent on a expliqué le choix d'éliminer immédiatement les truies allaitantes à la faible capacité d'allaiter, en les substituant par des nourrices au potentiel plus important de sevrer des porcelets.
Investir du temps en lactation chez les truies ayant un avenir sur l'élevage
Dans le premier article de cette série, on expliquait la tendance de beaucoup d'élevages à utiliser les truies de réforme pour faire des nourrices, en rallongeant la dernière lactation de leur vie productive. Déjà à ce moment on s’interrogeait sur cette pratique mais on n’expliquait pas pourquoi.
Dans le deuxième article on a laissé entrevoir qu'il peut être préférable d'employer une jeune truie, parce que sa durée supérieure de lactation et sa meilleure involution utérine vont se traduire par un nombre de porcelets nés plus élevé à la mise-bas suivante. Cependant, la truie de réforme n'aura pas cette mise-bas suivante pour nous «récompenser », car sa durée de lactation “extra” est en partie, du temps perdu.
On pourrait conclure que, d’une manière générale, il sera toujours plus intéressant de rallonger les lactations des jeunes truies ou des truies qui n’étant pas encore vieilles ne vont pas être abattues à la fin de la lactation. Il est clair qu'il est plus intéressant de choisir celles qui sont capables d'allaiter le plus grand nombre de porcelets possible.
Aide à l'homogénéisation de la structure du cheptel des différents lots
La décision d'utiliser comme nourrice une jeune truie ou une truie plus âgée peut être prise, en tenant en compte de la structure du cheptel du lot à sevrer et de la prévision d'entrée du cheptel de renouvellement disponible.
Employer des jeunes truies sera un bon choix chaque fois que l'on dispose de truies suffisantes pour faire un lot qui est sevré. Lors de situations dans lesquelles on a un jeune cheptel dans le lot actuel et un cheptel plus vieux dans le lot suivant, retarder les jeunes truies aura l'avantage en plus de contribuer à améliorer la répartition du cheptel des différents lots.
On pourrait aussi avoir la situation inverse : le lot sevré requiert de jeunes truies parce que c'est un lot trop vieux. Ici il serait plus recommandé d'employer des vieilles truies comme nourrices, mais que l'on préfère inséminer une fois de plus.
Précautions particulières
Cette méthode de travail est basée sur l'utilisation de beaucoup de truies nourrices. La nourrice vient souvent bien en chaleurs et montre une meilleure fertilité et prolificité à la mise-bas suivante, chaque fois que sa lactation n’est pas interrompue au changement des porcelets.
Pour éviter que cela arrive, en règle générale, on doit toujours essayer que les changements soient les moins brutaux possible. Les porcelets adoptés ne peuvent pas être beaucoup plus petits que ceux que la truie avait auparavant, parce que leur plus faible capacité de stimulation peut conduire à la sevrer en maternité.
Ceci est particulièrement important quand on ajoute un lot de porcelets faibles. Par ailleurs, certaines truies présentent un caractère très docile et acceptent des transferts de porcelets sans trop de problèmes. Cependant, d'autres races ou lignes génétiques sont beaucoup plus réticentes à accepter le changement de leur portée.
Une autre précaution à prendre en compte est d'éviter de pénaliser à l'excès la condition corporelle de ces nourrices, surtout si ce sont des primipares.
Les truies choisies doivent avoir un bon état musculaire et une capacité adaptée d'ingestion.
Si on ne tient pas compte de ces précautions, ces truies nourrices auront de mauvaises venues en chaleurs, et la plupart des avantages dont on a parlé deviendront des inconvénients.
Conclusions et avantages de ce type de conduite
1. Augmentation de la capacité de sevrage par place de maternité : Les places sont occupées par les truies qui allaitent un nombre supérieur de porcelets,
2. Elle aide à générer un espace à la mamelle pour placer des porcelets faibles. 3. Elle allonge la durée de lactation des truies qui vont continuer leur vie productive et on raccourcit celle qui l’ont terminé. 4. Elle permet d'allonger la lactation des primipares. 5. Elle peut aider l'homogénéisation de la structure du cheptel des différents lots productifs. |
Carles Casanovas Granell. Vétérinaire. Espagne