Les différentes techniques d'analyse sérologie, PCR, séquençage, nous permettent de détecter le virus du SDRP au sein du troupeau, de diagnostiquer l'infection et de déterminer le niveau de circulation virale d'un élevage infecté.
Pour utiliser au mieux ces analyses et ne pas interpréter les résultats de manière fausse, il est nécessaire de s'appuyer sur des règles pratiques fixant la taille de l'échantillon à analyser, c'est-à-dire le nombre d'animaux à prélever.
Ce nombre d'animaux à prélever, défini au préalable, dépend de cinq facteurs majeurs que l'on peut schématiser de la façon suivante :
Chaque technique d'analyses présente une sensibilité et une spécificité propre.
• La sensibilité est l'aptitude d'un test à attribuer un résultat positif à un animal infecté. Quelque soit la méthode d'analyse, une petite partie des sujets infectés présente des résultats faux négatifs.
• La spécificité est l'aptitude d'un test à attribuer un résultat négatif à un animal indemne. De même, une petite partie des sujets indemnes génère des résultats faux positifs.
Les valeurs prédictives ou confiances d'un résultat permettent de répondre aux questions :
=> parmi les positifs, lesquels sont de vrais positifs, c'est-à-dire des infectés ? => parmi les négatifs, lesquels sont de vrais négatifs, c'est-à-dire des indemnes ? |
Ces valeurs dépendent de la sensibilité et de la spécificité du test mais aussi de la fréquence de la maladie dans la population :
=> la confiance d'un résultat positif est élevée en milieu très infecté et faible en milieu peu infecté, => à l'inverse, la confiance d'un résultat négatif est élevée en milieu peu infecté et faible en milieu très infecté. |
Ces rappels faits, nous allons illustrer les règles qui définissent le nombre d'animaux à prélever dans les trois cas suivants :
=> Diagnostic de l'infection par le SDRP, => Qualification du statut d'un élevage non vacciné, => Diagnostic de stabilité d'un élevage positif vis-à-vis du SDRP et circulation en PS/Engraissement. |
1 - Diagnostic de l'infection : élevage infecté avec des signes cliniques.
Le diagnostic de l'infection met en relation les symptômes cliniques évocateurs du SDRP et la détection du virus sur les animaux présentant ces signes.
Dans ce cas, on suppose que le virus touche près de 100% des animaux présentant des signes cliniques évocateurs.
La taille de l'élevage est dans ce cas moins déterminante. Le nombre d'animaux prélevé dépend de la sensibilité de l'outil de diagnostic.
Outil de diagnostic | Statut vaccinal du troupeau | Modalités pratiques | Coût H.T. |
Sérologie IgM | Non vacciné | . 1 prise de sang par sujet de 5 à 21 jours après l'épisode clinique . 5 à 10 animaux |
20,34 €/animal Soit de 82,50 à 165 € |
Sérologie IgG | Non vacciné | . Prise de sang le jour et 4 semaines plus tard après l'épisode clinique . 5 à 10 animaux |
16,06 €/animal Soit de 80,30 à 161 € |
PCR | Non vacciné Vacciné |
. Prise de sang avorton – organes le jour ou les jours qui suivent l'épisode clinique . 2 à 5 animaux |
34,55 €/PCR (à diviser par le nombre de prélèvements poolés) |
2 - Qualification du statut d'un élevage non vacciné.
L'objectif est de détecter la présence ou de confirmer l'absence du virus SDRP afin de qualifier le statut de l'élevage : statut positif ou statut indemne. On utilise la sérologie (technique Elisa).
Ici, par élevage indemne, on entend qu'aucun des animaux de l'exploitation n'a développé d'anticorps contre le virus (réaction sérologique négative sur la totalité des animaux ou un échantillon représentatif comme défini ci-dessous)
Le nombre d'animaux à prélever dépend de la taille de l'élevage, du pourcentage supposé d'animaux infectés (prévalence de la maladie) et du niveau de risque accepté (généralement 1 à 5%).
Nombre d'animaux à prélever en fonction de la taille de l'élevage et de la prévalence de la maladie au risque de 5%
Nbre de truies |
Prévalence du SDRP supposé dans l'élevage
|
|||||
1%
|
5%
|
10%
|
20%
|
40%
|
50%
|
|
100 |
95
|
45
|
25
|
13
|
6
|
5
|
200 |
155
|
51
|
27
|
14
|
6
|
5
|
400 |
211
|
55
|
55
|
14
|
6
|
5
|
1000 |
258
|
57
|
57
|
14
|
6
|
5
|
En pratique, la détection de l'infection pour des faibles prévalences (< 5%) est très difficile ou onéreuse en raison du nombre important d'analyses à effectuer.
Si nous ne réalisons que 5 prélèvements, nous ne pouvons mettre en évidence l'infection que si le SDRP infecte au minimum 50% des animaux, c'est-à-dire une situation de forte circulation virale.
On utilise une prévalence supposée de 10% sur le cheptel truies et de 10% sur l'engraissement.
En pratique, pour des raisons de coût d’analyses, on utilise les règles suivantes :
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Truies | Sérologie | 10% du cheptel avec un minimum de 15 truies, un maximum de 30 truies |
1 prise de sang/animal | 8,03 €/individu Soit de 120,45 à 241 € |
Porcs charcutiers âgés de plus de 120 jours | Sérologie | 30 porcs issus de 2 à 3 bandes | 1 pise de sang/animal | 8,03 €/individu Soit 241 € |
Pour un cheptel de 200 truies : coût total de 458 €
Pour un cheptel de 500 truies : coût total de 482 €
Cependant :
Le statut d'un élevage est susceptible d'évoluer rapidement lorsqu'il est en zone à risque et/ou la biosécurité est médiocre. La fréquence des contrôles doit alors permettre de valider le statut dans le temps.
Il est impossible de conclure à la négativité de la totalité de son troupeau sauf prélèvement de tous les animaux présents.
3 - Diagnostic de stabilité du naissage et circulation en post-sevrage/engraissement
Dans ce cas, le statut de l'élevage est connu : il est positif vis-à-vis du SDRP. L'objectif est de savoir si le virus circule toujours dans l'élevage (voir article 4).
Le statut vaccinal de l'élevage varie.
Le contrôle de stabilité fait appel à la fois à la sérologie (technique Elisa) et à la virologie (technique PCR). On utilise les mêmes règles statistiques que dans le cas de la qualification du statut d'un élevage en estimant la prévalence de la maladie dans l'élevage à 10%.
a) Stabilité du naissage
· 1er cas : Réception de cochettes indemnes et non vaccination des truies (ou vaccination avec un vaccin inactivé)
Etape 1 : Sérologies sur des truies jeunes (rang 0, 1, 2 ou moins de 4 injections de vaccins)
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Jeunes truies rang 0, 1, 2 ou moins de 4 injections de vaccins | Sérologie | 10% du cheptel avec un minimum de 15 truies, un maximum de 30 truies |
1 prise de sang/animal | 8,03 €/individu Soit de 120,45 à 241 € |
Pour un élevage de 200 truies, coût total de 161 €.
Pour un élevage de 500 truies, coût total de 241 €.
Etape 2 : Si l'élevage est stable, vérifier s'il reste des vieilles truies porteuses du virus (voir étape 3 du 2ème cas)
· 2ème cas : Vaccination des truies avec un vaccin vivant ou réception de cochettes positives quelque soit le statut vaccinal de l'élevage.
Etape 1 : Etude de la transmission virale mère - porcelet en maternité. Objectif : savoir si une partie des porcelets est infectée en maternité
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Porcelets au sevrage | PCR | Conduite 3 semaines 1 porcelet/portée avec un minimum de 30 Conduite semaine : 1 porcelet/portée avec un maximum de 30 porcelets sur 3 bandes consécutives |
1 prise de sang/animal | Pool de 3 PCR Pour 30 analyses : 345,50 € |
Etape 2 : Etude de la transmission virale au sein du cheptel truies.
Cette étape correspond à une cinétique sur des cochettes sentinelles, c'est-à-dire non vaccinées et contrôlées négatives SDRP à l'arrivée, mises en contact quotidiennement avec les truies.
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Cochettes sentinelles | PCR sérologie | 1 cochette/100 truies avec un minimum de 3 cochettes | 1 prise de sang au départ (PCR + sérologie) puis 1 prise de sang tous les 15 jours pendant 2 mois |
5 PCR et 5 sérologies par individu |
Pour un élevage de 200 truies (3 cochettes sentinelles soit 5 PCR et 15 sérologies): coût total de 293 €.
Pour un élevage de 500 truies : coût total de 546 €.
Etape 3 : Etude de la présence de truies porteuses
Objectif : bilan du portage viral par les truies
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Truies de réforme | PCR | 1 truie de réforme pour 100 truies avec un minimum de 3 | Prélèvement des amygdales et des ganglions de chaque truie et PCR et pool de prélèvement par sujet | 1 PCR/sujet soit 34,55 € par individu |
Pour un élevage de 200 truies : coût total de 104 €.
Pour un élevage de 500 truies : coût total de 173 €
b) Situation de l'engraissement
· 1er cas : l'éleveur ne vaccine pas les porcelets
Objectif : connaître la situation en post-sevrage et engraissement.
Le statut de l'élevage est positif. On utilise une prévalence estimée à 20% dans l'élevage.
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Porcelets en fin de PS Porcs charcutiers en fin d'engraissement |
Sérologie | 15 porcelets en fin de PS 15 porcs charcutiers en fin d'engraissement |
1 prise de sang/porc | 8,03 €/individu 241 € quelque soit la taille de l'élevage |
· 2ème cas : l'éleveur vaccine les porcelets (vaccin vivant)
La méthode sérologique ne peut être utilisée que sur une bande sentinelle, c'est-à-dire non vaccinée, qui sera suivie régulièrement tous les mois.
Catégorie d'animaux prélevés | Outil de diagnostic | Nombre d'animaux prélevés | Modalité | Coût H.T. |
Porcelets non vaccinés | Sérologie | Conduite 3 semaines : 10 porcelets sur une bande non vaccinée Conduite semaine : 10 porcelets sur 3 bandes non vaccinées |
1 prise de sang par porc toutes les 4 semaines du sevrage à 26 semaines d'âge | 7 sérologies par individu : 56,21 € Coût par bande suivie : 562 € quelque soit la taille de l’élevage. |
Conclusion
La taille de l'échantillon à analyser doit être donc définie en fonction de l'objectif des analyses à réaliser, de la prévalence supposée de la maladie dans l'élevage, de la technique d'analyse choisie, de la taille de l'élevage et du niveau de risque.
Même si le coût des analyses est toujours à prendre en compte, il ne faut pas écarter les règles pratiques d'échantillonnage dans le choix des nombres de prélèvements et d'analyses.
Le non-respect de ces règles conduit en effet à une interprétation faussée des résultats.
Pensez-vous que la vaccination de masse au vaccin vivant : | |
Est un outil efficace pour stabiliser voire éradiquer le SDRP d’un élevage ? | |
Est une chose impensable et irréaliste ? | |
Vous pouvez faire part de votre expérience sur le forum de discussion
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Le prochain chapitre vous apportera des éléments sur cette question | |
Auteurs : Philippe LE COZ, Françoise DAVID, Patrick PUPIN, Nathalie PEREZ et Guillaume FRIOCOURT, Selvet-Conseil, 22 - Loudéac Florian VOISIN, Valérie NORMAND et Arnaud LEBRET, Cabinet Consultant en Elevage Porcin, 56 - Pontivy |