La « biosécurité » ou sécurité vis-à-vis de l’introduction des contaminants doit être au cœur de toute démarche visant à éviter l’introduction du virus SDRP dans un élevage indemne ou sa réintroduction dans un élevage stabilisé.
De façon générale, les points clés de la protection sanitaire d’un élevage sont connus: localisation géographique, surveillance des intrants (animaux, aliment, eau, semence..), mouvements des personnes, hygiène et respect de la marche en avant.
S’agissant du SDRP, l’évolution des connaissances sur les voies de transmission possibles nous permet d’envisager les risques spécifiques et les éléments de biosécurité qui en découlent.
La contamination aérienne
Bien que des débats aient toujours lieu sur les distances de contamination, il se confirme que la propagation du virus par aérosol est possible entre élevages d’une zone à forte densité, notamment en conditions hivernales.
C’est pourquoi un programme de contrôle totalement rationnel devrait concerner tous les élevages d’une même zone géographique. C’est d’ailleurs dans cet état d’esprit que les Américains du Nord abordent leur plan de lutte.
Toutefois, quand on n’a pas la maîtrise de l’environnement sanitaire, des moyens palliatifs existent, plus ou moins efficaces et plus ou moins chers, allant de la création d’obstacles naturels tels que des plantations à la mise en place d’unités sous air filtré.
Au sein même d’un élevage, la contamination aérienne n’est pas impossible d’un bâtiment à l’autre ou d’une salle à l’autre si l’emplacement des entrées d’air du local sain est proche des extracteurs des locaux contaminés. Bien entendu, le risque sera d’autant plus grand que la charge virale de l’air sera élevée. Il faudra donc choisir avec soin les salles destinées à recevoir des animaux sains et réfléchir à l’emplacement d’éventuels nouveaux bâtiments.
Un site isolé, entouré d’arbres, représente un avantage certain.
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Les porcs et leurs sécrétions
Il s’agit incontestablement du risque majeur car la période d’excrétion virale peut être longue (de 30 à 90 jours voire plus) et excède la durée de l’expression clinique quand il y en a une.
Le virus étant présent dans le mucus nasal, les matières fécales, l’urine et la semence, la transmission par voie nasale, orale, vaginale est alors possible. Les porcs vont pouvoir se contaminer entre eux à tous les stades, y compris parfois très précocement, de la truie à ses porcelets.
On n’insistera jamais assez sur l’importance du statut du pré-troupeau, cochettes et jeunes verrats, et sur la bonne gestion de la quarantaine avec possibilité de travailler en tout plein-tout vide par salle.
La protection des animaux nécessitera aussi le respect de la « marche en avant », du non mélange des bandes ainsi qu’un protocole de lavage, désinfection, séchage (le virus est sensible à la dessiccation) et vide sanitaire des salles.
Concernant la contamination par la semence, les centres d’insémination sont situés en zone géographique à faible risque et respectent un cahier des charges de contrôle sérologique vis-à-vis du SDRP, ce qui représente une bonne sécurité.
Lorsqu’il s’agit d’utiliser des verrats sur l’exploitation, il faut s’assurer de leur statut (ce qui n’est pas simple en élevage contaminé) et les élever à distance, idéalement dans un local sous air filtré. Dans de nombreux cas, la réussite de la stabilisation vis-à-vis du SDRP passera par le renoncement provisoire ou définitif au prélèvement à la ferme.
La prévention de la contamination des porcelets passe par un statut indemne des mères.
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Des contrôles sérologiques réguliers chez le multiplicateur permettent de sécuriser l’introduction des jeunes reproducteurs.
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Lorsque les verrats sont sur le site, le prélèvement à la ferme est difficilement compatible
avec la stabilisation d’un élevage contaminé. |
Les visiteurs et le personnel
L’élevage doit être clôturé et disposer d’une sonnette pour éviter les entrées intempestives. Lorsque des visites s’avèrent nécessaires, la douche reste sans doute le système le plus sûr (et certainement le plus dissuasif). Cependant pour le virus SDRP, il semble qu’un lavage soigneux des mains ainsi que l’utilisation de cotte, charlotte et de bottes spécifiques à l’élevage représentent une protection satisfaisante.
Une sensibilisation du personnel au risque de transmission est indispensable pour que chacun soit conscient de ses responsabilités. Sans une totale adhésion de tous, la démarche est vouée à l’échec. Cela nécessite une certaine pédagogie pour que tous comprennent les enjeux.
L’utilisation de cottes et de bottes spécifiques aux différents secteurs de l’élevage sera obligatoire lors d’une démarche de stabilisation ou de renouvellement en présence de l’ancien cheptel, et reste fortement conseillée dans toutes les autres circonstances.
Les locaux
Par extension avec ce qui est dit plus haut sur les contaminations par les porcs et leurs sécrétions, il est évident que les salles non nettoyées et désinfectées représentent un risque même si ce virus est plutôt fragile.
Les procédures de nettoyage, désinfection et vide sanitaire doivent être adaptées à l’élevage et parfaitement respectées.
Une vidange et un lavage des pré-fosses (à condition de gérer convenablement les projections) constituent un complément très favorable car il a pu être montré une survie du virus dans le lisier surtout par temps froid.
Les véhicules
L’entrée de véhicules dans le périmètre de l’élevage sera interdite par une clôture. De même, il faudra gérer les accès des camions d’équarrissage et d’enlèvement des animaux (y compris bien sûr les camions de truies de réforme).
On voit bien que l’emplacement des salles de départ ou des quais doit être mûrement réfléchi.
Le matériel
Aucun matériel ne doit être commun à plusieurs élevages, ni à des zones saines et infectées d’une même exploitation. La transmission indirecte du virus SDRP par des supports inertes a été clairement établie.
L’exemple le plus frappant en est la contamination par le biais d’aiguilles, la voie intramusculaire permettant en effet un accès direct du virus à la circulation sanguine. L’utilisation d’aiguilles à usage unique (y compris lors de vaccination contre le SDRP !) est la règle avec une aiguille par truie et une aiguille par portée. Le petit matériel (coupe dent, bistouri) sera quant à lui, désinfecté entre les portées.
Les nuisibles, oiseaux et animaux domestiques
Il a été prouvé que les mouches et les moustiques peuvent être par leur piqûre des agents de transmission mécanique du SDRP d’où la nécessité d’une désinsectisation régulière et d’un traitement des croûtes de lisier.
La question des oiseaux reste posée, il faudra donc protéger les entrées d’air.
Concernant rongeurs et animaux domestiques, il n’y a pas d’éléments en faveur d’une contamination directe, cependant ils peuvent éventuellement servir de supports passifs.
L’eau et l'aliment
Les aliments secs semblent un support peu favorable à la survie même courte du virus SDRP.
Par contre, des auteurs ont montré expérimentalement que dans certaines conditions de pH (plutôt basique), l’eau pouvait permettre la survie du virus sur quelques jours. Donc, même si ce n’est certainement pas la voie de contamination majoritaire, l’eau doit être contrôlée régulièrement (dosage du chlore libre en bout de ligne).
En conclusion, le virus SDRP n’est pas un virus très résistant dans le milieu extérieur, il est bien sensible à la désinfection. C’est ce qui nous permet d’être optimistes quant à une maîtrise possible sur cette contamination.
Ce sont vraiment les animaux, la semence, et ce qui a été au contact des animaux qui représentent le plus grand danger d’introduction ou de réintroduction du germe.
Les règles du bon sens (rentrer des animaux indemnes dans une véritable quarantaine, avoir des locaux lavés et désinfectés) sont donc celles qui doivent prévaloir.
Dans votre élevage, diriez vous que le SDRP :
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est un pathogène qui influence très défavorablement vos performances technico-économiques ? | |
a un impact modéré sur vos résultats d'élevage ? | |
n'a aucune répercussion technico économique? | |
Vous pouvez faire part de votre expérience sur le forum de discussion
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Le prochain chapitre vous apportera des élements sur l'importance de cette question | |
Auteurs : Philippe LE COZ, Françoise DAVID, Patrick PUPIN, Nathalie PEREZ et Guillaume FRIOCOURT, Selvet-Conseil, 22 - Loudéac Florian VOISIN, Valérie NORMAND et Arnaud LEBRET, Cabinet Consultant en Elevage Porcin, 56 - Pontivy |