L’analyse du coût en élevage de la contamination par le SDRP n’est pas chose facile et cela à plusieurs titres :
- il faut distinguer l’infection aiguë d’un élevage auparavant indemne de l’infection chronique d’un élevage contaminé depuis plusieurs années
- il est relativement facile d’intégrer les pertes directes (mortalités, indices, productivité, coût vétérinaire…) engendrées par la maladie mais il est difficile de prendre en compte des frais engendrés comme ceux liés au temps de travail (la résultante d’une éradication du virus aux yeux des éleveurs se traduit le plus souvent par une facilitation formidable de la conduite de leur atelier).
- L’impact économique dépendra également du type d‘élevage considéré : naisseur ou naisseur engraisseur, élevage de production ou de multiplication (dans ce cas une contamination devrait en principe rendre impossible la commercialisation des animaux)
Cependant, on peut regrouper dans le tableau ci dessous quelques références bibliographiques sur le coût de la maladie en élevage :
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D’après Porc Magazine n° 39 - Septembre 2005 - page 153 |
Afin de permettre une actualisation relative de ces études, nous pouvons analyser ensuite les résultats économiques de 3 exemples concrets de plan de maîtrise du SDRP mis en place ces dernières années dans deux élevages bretons et un élevage d’Indre et Loire.
Ces exemples particuliers ont été choisis car, pour chacun, :
- il n’y a pas eu de changement particulier dans l’élevage (restructuration, changement de génétique, de fournisseur d’aliment…) conjointement à la mise en place du protocole de stabilisation
- nous disposons de suffisamment de recul pour confirmer la négativité des élevages depuis plus d’un an
1. Exemple concret n°1
Il s’agit d’un élevage de 560 truies naisseur engraisseur sur un site en Bretagne dans le Morbihan.
S’estimant pénalisés par les résultats technico-économiques en PS-engraissement, nous avons fait le choix avec les éleveurs de mettre en place un plan d’éradication du SDRP en engraissement. Ce plan a été basé sur la mise en place d’une marche en avant stricte, sans vaccination des porcelets, au cours de l’année 2005.
Auparavant, l’élevage était classé stable actif. A ce jour, l‘élevage est toujours indemne.
En observant l’évolution des paramètres technico-économiques et en en connaissant leur impact chiffré sur la base de la publication de l’IFIP et des Chambres d’Agriculture sur les résultats GTE Porcs Bretagne 2006, il est facile d’estimer l’impact économique de l’élimination du SDRP en comparant les périodes 2004 et 2007 (changement de logiciel en 2006 avec des données non exploitables):
Porcs produits/truie/an
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IC global
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Age à la vente
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% mort PS
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% mort E
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Frais vétos annuels
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2004 |
23,3
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2,97
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186
|
3
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5,4
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68 028 €
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1er quadrimestre 2007 |
27,1
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2,78
|
183
|
1,5
|
2,5
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54 048 € (estimation)
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Gain en € |
161 728
|
44 688
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5 208
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14 280 (pour mémoire)
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34 104 (pour mémoire)
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13 980 (estimation)
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Conclusion: sur la base de la comparaison des résultats technico-économiques 2004 et 2007 (productivité, âge à la vente, indice global et frais de santé), l’éleveur a gagné 225 604 euros soit 403 €/truie. Même si les périodes ne sont pas parfaitement comparables, l’amélioration est très significative et largement supérieure aux synthèses de référence 2004-2006.
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2. Exemple concret n°2
Il s’agit d’un élevage de 355 truies naisseur engraisseur sur un site hors Bretagne.
Fin 2004, l’élevage était classé instable actif ce qui veut dire une forte circulation sur les truies et en PS-E. Après la mise en place d’un plan de stabilisation puis d’éradication en 2005, l’élevage est toujours à ce jour stable sur les truies et négatif en engraissement.
Le calcul de l’impact économique a été réalisé sur le même principe que pour l’élevage 1.
Porcs produits/truie/an
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IC global
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Age à la vente
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% mort PS
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% mort E
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Frais vétos annuels
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2005 |
21,8
|
2,87
|
179
|
4
|
3,8
|
55 735 €
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2006 |
23,5
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2,80
|
174
|
2,5
|
2,6
|
46 008 € (estimation)
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Gain en € |
45 866
|
10 437
|
5 502
|
9 052(pour mémoire)
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8 946 (pour mémoire)
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9 727 (estimation)
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Conclusion: sur la base de la comparaison des résultats technico-économiques 2005 et 2006 (productivité, âge à la vente, indice global et frais de santé), l’éleveur a gagné 71 532 euros soit 201,5 €/truie dès la 1ère année.
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3. Exemple concret n° 3
L'élevage en question est un élevage NE de 240 truies, situé en Bretagne dans les Côtes d'Armor dans une zone de forte densité porcine.
L'histoire de cette exploitation, concernant le SDRP, peut être divisée en quatre périodes
Période 1 (P1) |
Relance de circulation virale dans tout l'élevage : élevage instable actif Dégradation forte des résultats en PS-Engraissement dès janvier 2005. Mise en place d'un plan de contrôle basé sur un plan de vaccination des reproducteurs et des issus, sur la fermeture de l'élevage et l'application stricte de la marche en avant |
Période 2 (P2) 1/06/05 au 31/05/06 |
Stabilisation de l'élevage. La stabilité de l'élevage vis-à-vis du SDRP a été confirmée à l'aide d'analyses de laboratoire. |
Période 3 (P3) 1/06/06 au 31/05/07 |
Amélioration constante des résultats en maternité (augmentation du nombre de sevrés) et en PS-Engraissement (réduction des pertes et augmentation des croissances) |
A ce jour, et ce depuis plus de 18 mois, l’élevage est toujours stable sur les truies et négatif en engraissement malgré sa situation dans une zone de très forte densité porcine.
Le calcul de l’impact économique a été réalisé dans ce cas à partir du bilan comptable, l’éleveur ne disposant pas de GTE.
1. Marge brute par truie (€)
2. Indice de consommation économique et frais vétérinaires/truie (€)
Indice de consommation économique
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Frais vétérinaires/truie (€)
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Remarque importante : l'éleveur a augmenté son cheptel de truies en 2006/2007 (passant de 233 à 247 truies présentes prises en compte dans le bilan comptable sur P3 mais qui ne produiront qu'à partir du 2ème semestre 2007), les résultats sont donc "pénalisés". L'amélioration aurait été plus marquée avec un nombre de truies constant.
Conclusion: La stabilisation de l'élevage vis-à-vis du SDRP a permis d'obtenir une augmentation assez nette de la marge brute entre P2 et P3 (de + 66 €/truie) alors qu'elle a tendance à diminuer sur la même période (de - 59€/truie) pour l'ensemble des élevages étudiés par le CER dans la même région.
Le nombre de porcs vendus par truie par an passe de 20,70 sur la période 1 à 23,03 sur la période 3, soit un gain de 2.33 porcs vendus/truie/an ce qui représente environ 177 €/truie/an (source : écarts de marge calculés à partir des résultats GTE NE – Bretagne 2006). Il faut également noter que le poids des charcutiers a fortement augmenté entre P1 (84.06 kg) et P3 (86.77 kg) pour un même âge à la vente. L'indice de consommation économique a d'autre part diminué sur la dernière période (- 0,11) de manière plus importante que pour le groupe de référence. Enfin, les frais vétérinaires, qui restent élevés en raison des coûts de vaccination, ont tendance à diminuer et se rapprochent de la médiane. |
Conclusion générale
L'impact économique du SDRP, selon notre expérience, c'est-à-dire d'après ces cas concrets d'éradication ou de stabilisation de la maladie en élevage, se situe entre 200 et 400 €/truie/an.
Il est difficile de chiffrer l'impact économique pour le dernier cas mais aux 177 €/truie/an pour le gain de porcs vendus, il faudrait ajouter la baisse de l'IC et l'augmentation du poids de vente au même âge au départ. Ces données sont relativement cohérentes à celles présentées dans la bibliographie.
Connaissez-vous le statut de votre élevage vis-à-vis du SDRP :
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- indemne | |
- stable inactif | |
- stable actif | |
- instable inactif | |
- instable actif | |
Vous pouvez faire part de votre expérience sur le forum de discussion
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Le prochain chapitre vous apportera des éléments sur l'importance de cette question | |
Auteurs : Philippe LE COZ, Françoise DAVID, Patrick PUPIN, Nathalie PEREZ et Guillaume FRIOCOURT, Selvet-Conseil, 22 - Loudéac Florian VOISIN, Valérie NORMAND et Arnaud LEBRET, Cabinet Consultant en Elevage Porcin, 56 - Pontivy |