D’après l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’UE, le Brexit aura peu d’incidence sur les filières porcines européennes. Une des mesures est le maintien d’une zone de libre-échange entre les marchés britannique et européen sans instauration de droits de douane et sans limite des volumes de viandes de porc échangés.
Le Royaume-Uni est le 8e producteur de porcs européen (11 millions de têtes abattus/an). Le pays est le 3e pays importateur en Europe (920 000 tonnes équivalent carcasse/an) derrière l’Allemagne et l’Italie. Le Royaume-Uni n’est pas auto-suffisant en porc avec 60 % des besoins importés. Les pays de l’UE sont fournisseurs du marché britannique (94 %) : Danemark (19 %), Allemagne (17 %) et Pays-Bas (16 %).
L’accord de sortie prévoit un maintien du commerce entre les marchés britannique et européen sans mise en place de droits de douanes ni de quotas. Cette disposition est rassurante pour les exportateurs européens car en plus d’être un débouché en volume, le Royaume-Uni est un débouché à forte valeur ajoutée. 52% des importations sont des produits transformés : bacon (20 %) et saucisses (18 %).
La concurrence entre fournisseurs européen et nord-américain pourrait se renforcer. Sur le segment des viandes (43 % des volumes), les importations du Royaume-Uni sont sous forme de produits frais (77 %), surtout des pièces désossées. Compte tenu du transport, les produits frais en provenance des Etats-Unis, du Canada et du Brésil peuvent difficilement substituer l’origine UE. Les fournisseurs du Royaume-Uni doivent répondre aux exigences des consommateurs britanniques attentifs aux conditions d’élevage : utilisation des antibiotiques et bien-être animal, conditions remplies par les fournisseurs européens. L’accord impactera donc peu les producteurs et exportateurs européens.
Malgré le maintien de la zone de libre-échange, le commerce entre le Royaume-Uni et l’UE pourrait être moins fluide. Les flux pourront être soumis à davantage de différends commerciaux et formalités administratives. Les produits échangés feront l’objet de contrôles douaniers aux frontières, d’exigences d’étiquetage… Ces dispositions pourraient entraîner des ralentissements d’acheminement des marchandises et des surcoûts d’approvisionnement. Ces effets sont encore difficiles à identifier car les perturbations liées à la Covid-19 prédominent.
La sortie du Royaume-Uni de l’UE met fin à la libre-circulation des personnes et des contrôles migratoires ont été rétablis. Les entreprises d’abattage-découpe et de transformation pourraient avoir des difficultés à trouver de la main d’oeuvre disponible en provenance d’Europe de l’Est, soulageant les entreprises de l’ouest de l’UE ponctuellement en manque de main d’oeuvre.
La consommation de porc au Royaume-Uni de 24 kg/habitant/an est inférieure à la moyenne européenne. Le Brexit pourrait entraîner des hausses des prix des viandes ovine et bovine et les Britanniques pourraient choisir le porc et la volaille plus abordables. Les exportateurs allemands auront des disponibilités pour approvisionner le Royaume-Uni en 2021.
Le Brexit avec l’accord de libre-échange ne devrait donc pas impacter les filières porcines européennes qui continueront à approvisionner le marché britannique dépendant des produits européens.
Elisa Husson, IFIP.