Dans un autre article, on a constaté la nécessité de contrôler la dispersion du poids vif (PV) généré tout au long du cycle de production ainsi que les implications plus importantes enregistrées en fin d’engraissement et qui affectent le rendement productif.
Dans deux articles consécutifs, on traitera des stratégies strictement productives et de conduite, destinées à diminuer la variabilité du PV des porcelets pendant et à la sortie du post-sevrage. Dans ce premier article, on aborde des questions comme la séparation des animaux et le confort environnemental. Dans le suivant, on abordera l’alimentation et l’espace aux nourrisseurs.
On ne doit pas oublier l’importance des aspects sanitaires même si on ne les inclut pas dans ces articles. D’une part, suivre les normes de biosécurité externe et interne et d’autre part, pratiquer un vide sanitaire strict sont les aspects essentiels pour contrôler l’apparition de pathogènes et/ou la recirculation de ceux déjà existants. De plus, le système de production utilisé joue aussi un rôle très important puisqu’un post-sevrage d’un élevage naisseur-engraisseur n’est pas la même chose qu’une S2 d’un « trois phases ». Le contrôle sanitaire est souvent simplifié ou compliqué dans ce dernier cas en fonction du nombre d’élevages origines et de l’homogénéité sanitaire des porcelets.
L’importance de réaliser une bonne conduite en maternité
Il est primordial qu’un bon poids et une bonne homogénéité des porcelets au moment du sevrage ou, ce qui est la même chose, à l’entrée en post-sevrage soient le point de départ. Ce qui se passe pendant la lactation, en maternité, est de grande importance et parmi les facteurs à prendre en compte dès le plus jeune âge on trouve :
- La génétique des truies reproductrices. C’est particulièrement important dans le cas de truies hyperprolifiques qui mettent bas plus de porcelets, souvent plus petits et avec une grande dispersion des poids.
- Séparer les primipares du reste des truies du troupeau. Quelques travaux montrent que les porcelets des primipares grandissent mieux s’ils restent séparés des porcelets provenant de truies multipares. Ce sont des porcelets moins compétents au niveau immunologique et ils peuvent se trouver lésés en les mélangeant avec des porcelets provenant de truies multipares.
- Asegurar que S’assurer que les truies mangent et boivent suffisamment pour ne pas limiter leur potentiel productif.Cela peut conduire à maximiser le poids à la naissance, aspect fondamental pour améliorer le poids au sevrage
- Le facteur « âge » des porcelets, lié au fait que si l’écart des dates de mises-bas augmente, la différence d’âge (et par conséquent de taille et d’hétérogénéité des porcelets du lot) augmente aussi.
- Il est essentiel de s’assurer que les porcelets prennent tôt et suffisamment de colostrum.
- Si on réalise des adoptions, le faire sur les 24h après mise-bas.
- Pratiquer le « creep-feeding » à partir des 7-10 jours pour minimiser la période d’anorexie post-sevrage (surtout sur les longues lactations, de 28 jours ou plus).
- Si on observe une production de lait insuffisante, ajouter du lait artificiel : certaines études montrent une augmentation du poids au sevrage et de l’homogénéité de la portée par cette stratégie mise en place sur les porcelets plus petits (figure 1).
Figure 1 : Porcelets en allaitement artificiel. Photo cédée par Antonio Caballero.
L’intérêt de séparer les porcelets en fonction de leur poids au sevrage
Séparer les porcelets au sevrage en fonction de leur poids vise essentiellement à diminuer la variabilité du PV dans les lots de post-sevrage en espérant le maintenir plus ou moins constant. Cependant, et en conformité avec nos propres résultats (Jordà et al., 2015), la diminution du coefficient de variation (CV) du lot obtenu au début du post-sevrage, augmente ensuite jusqu’à des valeurs similaires à celles que l’on obtiendrait sans séparer les animaux. Ainsi, sur la figure 2, on compare l’évolution du CV tout au long du post-sevrage dans deux groupes d’animaux : un dans lequel on a séparé les porcelets par poids au sevrage (conventionnel) et l’autre dans lequel on a mis en place une stratégie de socialisation précoce et on a sevré des portées entières (social) en ne mélangeant pas les animaux après le sevrage. On ne dispose pas de contrôle négatif dans cet essai (non socialisés et non séparés) mais d’autres études montrent que l’effet serait très semblable (ils présenteraient à la fin un CV semblable au traitement conventionnel).
Variabilité en post-sevrage (28-64 jours)
Figure 2 : Malgré l’effort de séparer les porcelets au début du post-sevrage, le CV tend à augmenter jusqu’à des niveaux similaires aux porcelets pour lesquels la séparation n’a pas eu lieu (Jordà et al., 2015)
Avoir une ambiance et un confort adéquats
Exercer un bon contrôle des conditions d’ambiance et de la densité des animaux dans les cases est essentiel (figures 3 et 4). Un exemple typique est donné dans les élevages qui décident de changer la génétique classique pour des truies hyperprolifiques. Si on ne redimensionne pas correctement les cases du sevrage/post-sevrage, la densité augmente compromettant les objectifs productifs et affectant, en plus, l’homogénéité des animaux du lot. De la même façon, d’importantes variations sur
Figure 3 : Salle de post-sevrage avec un bon niveau de confort (photo cédée par Laia Blavi).
Figure 4 : Exemple de cases de post-sevrage avec une densité optimale (photo cédée par Antonio Caballero).
Quelques indications pour assurer une bonne ambiance et un bon confort des animaux et qui contribueraient à l’homogénéité du PV du lot:
- Densité optimale dans les cases : 4-5 porcelets/m² (0,20-0,25 m²/porcelet)
- Climatisation adaptée des installations : maintenir la température des salles autour de 30°C à l’entrée accompagnée d’une diminution progressive de 2°C par semaine jusqu’à 23°C à la sortie et contrôler l’humidité relative. Pour cela, en plus d’avoir un bon isolement thermique des bâtiments/salles, il faut contrôler la ventilation pour éviter des salles « chargées », ne pas dépasser des courants d’air supérieurs à 0,15m/s et offrir de la chaleur (de préférence en ambiance) quand c’est nécessaire.
- Assurer l’accès à l’eau (propre, de qualité et en quantité suffisante). Débit minimal recommandé de 0,5 à 1 l/min.
- Caillebotis (total ou partiel) mais de préférence en plastique.
En conclusion on peut dire que bien que la dispersion qui « vient » de la maternité est déterminante sur la dispersion finale en engraissement, on peut, en post-sevrage, prendre des mesures de conduite ou en relation avec les conditions de production qui permettraient de corriger en partie cette dispersion.