Depuis 2011, les plans EcoAntibio incitent à la réduction de l’usage des antibiotiques. Le suivi annuel des ventes d’antimicrobiens vétérinaires effectué par l’Anses montre les efforts réalisés par la filière porcine : diminution de 70 % du niveau d’exposition exprimé en ALEA (Animal Level of exposure to Antimicrobials) entre 2010 et 2022.
Le Panel INAPORC mis en place depuis 2010 est réactivé tous les trois ans afin de connaitre l’usage des antibiotiques des élevages porcins français, en détaillant les catégories d’animaux traités et les motifs de traitement

Cette 5e édition reconduite en 2022 s’est appuyée sur le tirage au sort de 440 éleveurs de porcs dans la base de données BDPORC. Le taux de participation a atteint 55 % des élevages éligibles avec 129 éleveurs impliqués. Cet échantillon est représentatif de la production française selon trois critères : l’orientation des élevages, leur taille et la région de production. À partir de la liste d’achats d’antibiotiques fournie par les prescripteurs et d’un entretien téléphonique avec les éleveurs, l’usage précis de chaque médicament par type d’animal, voie d’administration et motif de traitement est connu.

et les Panels INAPORC de 2019 et 2022 par famille d’antibiotiques
Le taux d’élevages utilisateurs d’antibiotiques, au moins une fois dans l’année, n’est que de 69 % en post-sevrage et 59% en engraissement. Ce résultat coïncide avec le développement de cahiers des charges limitant l’usage d’antibiotiques à partir du sevrage. Il reste élevé pour les truies et les porcelets sous la mère à cause de leur sensibilité élevée aux infections urogénitales et digestives respectivement.
Niveaux d’exposition des porcs aux antibiotiques (ALEA) en 2022 et évolution entre les Panels 2010, 2019 et 2022
1, aucun usage relevé au cours des années concernées
Evolution des usages par catégorie d’animaux
Pour la première fois, les animaux qui ont reçu le plus d’antibiotiques ne sont en effet pas les porcs en post-sevrage, mais les porcelets sous la mère. Les usages d’antibiotiques ont augmenté de 59 % depuis 2019 pour les porcelets sous la mère. Cette tendance à la hausse s’explique par deux raisons : 1) l’augmentation de l’utilisation de macrolides, pénicillines et colistine sous forme injectable, qui sont des traitements avec des durées d’administration plus longues que d’autres médicaments. Cela signifie qu’il n’y a pas eu de hausse ni dans le pourcentage d’élevages concernés par des traitements injectables ni par le nombre total de traitements injectables pour chaque animal, mais une augmentation de la durée des traitements, conformément aux notices des produits utilisés. 2) l’usage multiplié par cinq de poudres, pâtes et solutions orales. Pourtant, cette forme pharmaceutique ne concerne que sept élevages sur les 65 ayant des porcelets sous la mère, et parmi lesquels trois réalisent des traitements importants de tétracycline et de colistine pour des troubles digestifs. Cet usage marginal majore de façon importante l’usage d’antibiotiques pour les porcelets sous la mère et témoigne que des pratiques restent à corriger au cas par cas sur le terrain.
Les porcs en post-sevrage ont vu le nombre de jours de traitement diminuer de 92 % depuis 2010, baisse accentuée entre 2019 et 2022 (- 64 %), principalement grâce à la réduction des usages de prémélanges médicamenteux (- 87 % en 3 ans). Cette baisse est de presque 100 % en 2022. De plus, aucune compensation avec des poudres orales n’a eu lieu et celles-ci sont toujours en diminution. La forte réduction de l’usage de colistine (- 96 %) pour des troubles digestifs (- 95 %) en 12 années tend à montrer que les problèmes digestifs ont été gérés par des mesures préventives comme la vaccination, l’alimentation ou la conduite d’élevage.
L’utilisation d’antibiotiques pour les truies et les porcs en engraissement (pour lesquels les usages d’antibiotiques sont les plus faibles) continue de diminuer depuis 2019 de respectivement -17 % et -50 %.
L’utilisation pour les truies a diminué en 12 ans mais de manière moins marquée sur les trois dernières années. Les poudres et solutions orales sont stables sur les trois dernières années. Les deux familles d’antibiotiques concernées sont les TMP-sulfamides et les tétracyclines administrées pour des troubles urogénitaux. L’usage de tétracyclines laisse penser que les problèmes liés à la leptospirose sont toujours d’actualité malgré l’autorisation de mise sur le marché d’un vaccin en 2021. Les effets de ce nouveau vaccin sur une baisse d’usage de la tétracycline seront peut-être plus visibles dans les années à venir.
Les résultats par catégorie d’animaux montrent que la baisse des usages d’antibiotiques en filière porcine entre 2010 et 2022 s’explique surtout par les diminutions chez les porcs en post-sevrage. L’usage pour les truies et les porcelets sous la mère a aussi diminué mais moins fortement. Au final, en 2022, le nombre de jours de traitement de ces trois stades physiologiques est quasi équivalent avec une légère supériorité pour les porcelets sous la mère.