En Europe du Nord, où les cours avaient tardé à s’élever en comparaison avec les cours en Espagne ou en France, le rattrapage est fulgurant puisque en 3 semaines, les hausses moyennes hebdomadaires sont de l’ordre de 8 à 10 cents. Face à une demande qui ne peut que s’améliorer à l’approche des fêtes de Pâques et de la saison des grillades, le déficit des offres ne cesse de se creuser et c’est notamment le cas dans les grands bassins de production du nord de l’Europe : à l’image de son cheptel porcin, les abattages de ce début d’année en Allemagne sont en baisse de 10%, la Belgique annonce un repli de 15% en moyenne et l’Autriche rapporte une baisse d’activité entre 10 et 15%. Au Danemark, les statistiques d’abattage révèlent une diminution de 14% !
Si dans certains pays, les éleveurs repoussent la commercialisation de leurs porcs pour bénéficier des nouvelles revalorisations des cours comme en Allemagne ou en Espagne par exemple, ce n’est pas le cas partout comme en Belgique ou en Autriche où la baisse de production est la conséquence d’abandons d’activité pour cause de perte de rentabilité.
Face à cette faiblesse de l’offre, les abattoirs n’ont pas d’autres choix que d’accepter la hausse des prix du porc car un minimum de porcs est nécessaire pour faire tourner les outils. La répercussion des hausses du prix du porc se fait toutefois lentement et il est parfois évoqué de réduire l’activité pour pallier aux difficultés d’approvisionnement et de revalorisation. C’est le cas notamment en Allemagne, où la situation sur le marché de l’offre s’est améliorée avec 28 centime de hausse sur la référence officielle en 3 semaines mais où aussi, les grands groupes d’abattage envisagent à présent de réduire les quantités et de les limiter au strict minimum.
Le prix d’acompte danois reprend l’équivalent de 5 cents d’euro après avoir progressé de 4 cents la semaine précédente. L’amélioration des marchés voisins et les hausses du prix du porc qui y sont associées permettent à la viande danoise d’être mieux valorisée sur le marché européen alors que les ventes vers le grand export sont insuffisantes et peu valorisées face à une concurrence américaine plus offensive.
En Espagne, la situation est identique avec des abattoirs qui assurent un minimum d’activité pour éviter de perdre en rentabilité. Mais la faiblesse de l’offre est telle qu’elle détermine toujours l’orientation du cours qui a progressé de son maximum hebdomadaire de 5 cents du kilo vif. Sur le marché de la viande, les tarifs augmentent également mais pas au même rythme que le prix du porc en dehors de la poitrine.
En Italie aussi, l’offre s’affaiblit chaque semaine, phénomène accentué par des reports de sorties d’élevage. La semaine passée, les abattoirs sont parvenus à passer les hausses sur le marché des pièces, en lien notamment avec les prochaines fêtes de Pâques, mais en sera-t-il de même pour les futures hausses ?
Aux Etats-Unis, le redressement du prix du porc se confirme. Les abattages de la semaine 6 ont été inférieurs de 3,7% à la semaine précédente et assez proches de l’activité de la même semaine 2022. Par ailleurs, le bilan des exportations de produits porcins pour l’année 2022 a été publié et montre un repli de 8,6% pour 2,67 M de tonnes tandis que la valeur a baissé de 5% par rapport à 2021. Le Mexique a conforté sa place de premier débouché avec une progression de 10% pour près de 1 million de tonnes expédiées et plus de 2 Mds de dollars de chiffres d’affaire. En 2022, le Mexique a représenté 36% des expéditions contre 30% en 2021. Les exportations vers la Chine ont diminué de 26% à 534 481 T (-50% pour la viande fraîche et congelée pour 196 331 T et +3 % pour les autres produits). Cependant, les ventes sont en hausse depuis le mois d’août avec un pic en octobre et des ventes en décembre en progression de 67% par rapport à décembre 2021.
Au 17 février, le prix du porc en Chine est à 14,91 CNY, soit un équivalent de 2 euros le kilo vif. Ce niveau de prix est bas et ne permet pas de rentabiliser les élevages. Des opérations de stockage sont annoncées par les autorités afin de permettre au prix de remonter.
MPB : hausse de 1 centime lundi, de 3,6 centimes jeudi
La semaine s’est achevée sur un cours à 2,176 euros, en hausse de 4,6 centimes par rapport au jeudi précédent. Les besoins de certains abattoirs ont été clairement exprimés au cours des 2 séances hebdomadaires, les enchères se situant au niveau de la vente obligatoire. Les abattages sur la zone Uniporc Ouest se sont élevés à 354 773 porcs, en baisse sensible de 9 500 porcs par rapport à l’activité précédente et 22 400 porcs de moins qu’au cours de la même semaine 2022 (-5,9%). La baisse des poids de 80 g à 95,54 kilos témoigne de la rareté de l’offre. La baisse des abattages depuis le début de l’année est toujours de l’ordre de 5% avec près de 20 000 porcs de moins abattus chaque semaine. Les poids moyens 2023 sont inférieurs de 850 grammes à ceux de l’an passé.