Dans les principaux pays producteurs de porcs, la majorité des nullipares et des truies sont saillies grâce à l'insémination artificielle (IA). Chez un verrat de 11 mois d'âge d'un centre d'insémination avec un historique de maladie et d'infertilité on a montré la présence de l'antigène du PCV2 dans les testicules et dans les glandes sexuelles accessoires. Dans une étude à grande échelle dans cinq centres d'IA d'Autriche et d'Allemagne et dans 30 élevages autrichiens (où on inséminait à la ferme) on a pris des échantillons de semence de 472 verrats : 18,2 % des échantillons ont été positifs au PCV2; sur les verrats qui ont donné des positifs au PCV2 dans la semence, 57,5 % ont été sérologiquement positifs aux IgG spécifiques du PCV2. Cela indique probablement que les verrats ont été exposés au virus dans une phase très précoce de leur vie puisque aucun d'eux n'étaient positifs aux IgM spécifiques du PCV2, ce qui aurait indiqué une infection aigüe et plus récente.
Etant donné la vaste répartition du PCV2 chez les verrats d'IA, il est logique de penser que la voie possible de transmission du PCV2 sur les truies reproductrices pourrait être la semence provenant de verrats infectés. Le diagramme de la figure 1 représente le mouvement de semence contaminée par le PCV2 provenant des verrats infectés dans des centres d'insémination jusqu'aux élevages de reproduction. Bien que le centre d'insémination soit relativement petit (100 animaux) il couvre les besoins en semence de 12 élevages de 1500 truies. Ainsi, dans les systèmes de production qui utilisent l'IA, le PCV2 peut être disséminé très rapidement.
Figure 1 : Exemple de la dissémination du PCV2 depuis le centre d'insémination jusqu'aux élevages de truies. Un centre d'insémination avec 100 verrats qui produisent 20 doses par semaine chacun génère 2000 doses par semaine. Dans un élevage de 1500 truies, sevrées à 3 semaines, 75 femelles sont inséminées chaque semaine et, si chacune est inséminée 2,2 fois, on utilise 165 doses chaque semaine.
Plusieurs études confirment l'hypothèse que le PCV2 peut être transmis aux truies par la semence des verrats. Par exemple, dans une étude on a infecté des nullipares en leur administrant de la semence de verrats positifs au PCV2 sans dilueur par une injection intra péritonéale; cependant, la dose de PCV2 qui s'est révélée infectieuse dans l'essai n'a pas entraîné d'infection chez les nullipares par l'IA. Dans d'autres expériences on a utilisé de la semence infectée artificiellement par le PCV2 pour inséminer les nullipares ce qui a provoqué l'apparition d'anticorps contre le PCV2 et un trouble de la reproduction comprenant une diminution du taux de fécondation et une augmentation de mort-nés et de momifiés.
En théorie, certains troubles de la reproduction chez les nullipares ou chez les truies inséminées par IA avec de la semence positive au PCV2 pourraient être dus aux effets du PCV2 sur les caractéristiques des spermatozoïdes, mais les recherches ne confirment pas cette hypothèse. Dans une étude qui comparait les caractéristiques de la semence chez des mâles positifs en phase d'excrétion à celles de mâles positifs qui n'excrétaient pas le virus dans la semence, on n'a pas observé de différence dans la proportion de spermatozoïdes vivants ou morphologiquement normaux. De la même façon, l'ajout de PCV2 à la semence n'avait pas d'effets sur la motilité spermatique ou la proportion de spermatozoïdes viables
Dans une expérience réalisée dans notre laboratoire de Virginia Tech, on a fait une analyse sur de la semence récoltée de verrats positifs au PCV2 et non vaccinés ou qui avaient reçu un vaccin commercial tué. Pour cela on a utilisé un système d'analyse de semence assisté par ordinateur (CASA). La mesure du mouvement spermatique est considéré très en corrélation avec la fertilité du mâle chez différentes espèces. Par exemple, la vitesse moyenne calculée sur la trajectoire réelle du spermatozoïde (la Vitesse curviligne, VCL) a démontré être un "élément prédictif" significatif de la fertilité chez les humains
En production porcine, la VCL et la distance parcourue par le spermatozoïde le long de la trajectoire moyenne (la Vitesse linéaire, VAP) ont montré être positivement corrélée à la taille de la portée. Notre recherche n'indique pas d'effet de la vaccination sur les caractéristiques de la motilité spermatique, y compris la VCL et la VAP, comme on le détermine par le système CASA chez les verrats positifs (figure 2). D'autre part, la vaccination n'a pas non plus eu d'effets sur le volume de l'éjaculat, la concentration spermatique, le comptage des spermatozoïdes ou les caractéristiques morphologiques des spermatozoïdes (figure 3).
Figure 2 : Effet de la vaccination des mâles positifs au PCV2 sur la motilité spermatique
Figure 3 : Effet de la vaccination des mâles positifs au PCV2 sur la morphologie spermatique
En résumé, le PCV2 peut être excrété par la semence et les recherches montrent que le virus peut être transmis aux nullipares et aux femelles par l'IA entraînant un trouble de la reproduction. Il n'y a pas d'évidences que le PCV2 de la semence ait des effets sur les caractéristiques des spermatozoïdes. D'autre part, la vaccination des mâles positifs contre le PCV2 ne semble pas modifier la qualité séminale.