La Semaine Sainte a marqué une petite trêve dans les hausses successives en Espagne depuis le 6 février. Tout semble indiquer que même la perte de jours d'abattage pendant trois semaines consécutives ne sera pas un obstacle à la hausse ; ces jours fériés n'auront servi qu'à la ralentir.
Dans toute l'Europe, les prix se sont stabilisés pendant la Semaine Sainte. L'Allemagne a enregistré une hausse de 5 centimes sur le prix du porc en carcasse mercredi dernier, le 23 (rappelons que son prix reste nettement inférieur à celui de l'Espagne). Il reste à voir le comportement de ses voisins d'Europe centrale.

La situation du marché espagnol reste déséquilibrée ; il n'y a pas assez de porcs disponibles pour alimenter l'activité de tous les abattoirs. Le résultat du marché espagnol de référence d'hier montre que, pour l'instant, le prix espagnol se maintient, marquant une pause pour reprendre son souffle.
Officiellement, le recensement porcin espagnol de novembre 2024 affichait 150 000 truies de moins en production par rapport à l'année précédente. Nous ignorons où pourrait se situer l'erreur, mais tous les opérateurs de première ligne que nous avons consultés nous ont fait part de leur profond étonnement face à cette information. Nous pensons qu'une erreur malicieuse s'est glissée dans l'élaboration de ces données et que ce chiffre n'est pas fidèle à la réalité. L'engraissement des porcs en Espagne a été, et reste, une activité rentable, et nous ne croyons pas que quiconque cherche à réduire son cheptel de truies. La persistance du SDRP ne saurait non plus justifier cette prétendue baisse. Nous verrons si une rectification est publiée.
Nous abordons le printemps dans l'attente. La traditionnelle hausse de la consommation de produits pour barbecue est attendue (ce qui soutient le marché). L'Italie s'est réveillée d'une longue léthargie et montre un intérêt accru pour l'achat (un autre facteur positif pour le marché).
La politique douanière erratique de Trump a pénalisé la cotation du dollar américain.
Cette situation nuit aux exportations de tous les pays européens (l'euro devient plus cher sur le marché mondial) et favorise celles des pays dont l'économie est dollarisée (États-Unis, Canada, Brésil, etc.).
Nous ne pouvons avancer aucun pronostic sur l'impact des droits de douane de Trump sur le commerce mondial du porc. La principale raison est qu'aucune décision définitive n'a encore été prise et que tout reste possible.
Pour avoir une bonne vision d'ensemble des exportations américaines, rien de mieux que de les détailler dans le tableau suivant :
Source : USDA
Les quantités mentionnées représentent 98,40 % du total des 3,03 millions de tonnes exportées au total.
Si l'un des principaux clients des États-Unis impose des droits de douane en réponse aux taxes de Trump, les producteurs américains devront choisir entre compenser ces charges par des baisses de prix ou abandonner ce marché spécifique. Une situation où tout le monde perd. Il est très risqué de faire des prévisions. Tout est très confus. Tout est extraordinairement incertain à ce sujet.
La réalité espagnole, en tant que leader du porc communautaire, est la suivante :
- La part de l'Espagne dans la production porcine européenne augmente année après année. Et cela continuera ainsi.
- Le pourcentage des exportations espagnoles vers les pays tiers est inférieur à 45 % du total (il y a quelques années, il atteignait 55 %). Les exportations vers ces destinations extracommunautaires continueront à diminuer en proportion. Rien de radical, mais une baisse quand même.
- Les exportations espagnoles vers les destinations communautaires continuent de progresser et cela continuera ainsi.
- L'économie des producteurs espagnols a été bonne, voire très bonne, ces dernières années. Tout indique que cela continuera.
- Le SDRP montre sa résilience et continue de décimer les élevages. Son incidence varie fortement selon les régions.
- Les abattoirs traversent une période difficile. Rien n'indique que cela changera à court ou moyen terme (le marché applique sa loi sans pitié).
- Le marché est riche en rumeurs de toute sorte. Changements de propriété dans d'importantes entreprises agricoles. Absorptions. Acquisitions... Nous attendrons d'avoir des informations fiables pour les divulguer.
Nous terminerons aujourd'hui par une phrase de l'écrivain américain John Verdon : “L'action est le meilleur antidote à l'anxiété et l'information est le seul remède contre l'incertitude”.
Guillem Burset
