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Vaccination contre l'iléite pour diminuer l'usage des antibiotiques

Dans les années à venir, l’usage d’antimicrobiens va être plus contrôlé, selon les grandes lignes indiquées par l’OMS dans son rapport sur la résistante antimicrobienne au niveau mondial de 2014. 

30 Septembre 2016
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Artícle

Hanne Bak and Poul Henning Rathkjen: Reduced use of antimicrobials after vaccination of pigs against porcine proliferative enteropathy in a Danish SPF herd. Acta Veterinaria Scandinavica 2009, 51:1

 

Qu'étudie-t-on ?

Cette étude a été réalisée pour analyser l’impact de la vaccination contre l’iléite ou entéropathie proliférative (EP) causée par Lawsonia intracellularis sur le traitement collectif avec des antibiotiques. Contrairement à d’autres travaux qui ont démontré une diminution de l’utilisation d’antibiotiques chez les porcs vaccinés, cette étude a été réalisée sous les conditions du système danois qui utilise très peu d’antibiotiques. En plus du traitement collectif, on a aussi estimé le rendement productif des porcs vaccinés et des porcs non vaccinés.

 

Comment l’étudie-t-on ?

Cette étude a été réalisée dans un élevage de 650 truies reproductrices avec une production SPF (indemne d’agents pathogènes spécifiques) sur des lots d’environ 1000 porcs toutes les 3 semaines. Au total, on a utilisé 1556 porcs de 16 lots consécutifs. On a utilisé un schéma parallèle modifié dans lequel chaque second lot de porcs était vacciné entre 4 et 5 semaines de vie avec un vaccin vivant oral L . intracellularis par eau de boisson. On a vacciné 7900 porcs de 8 lots alors que 7756 porcs des 8 autres lots ont été utilisés comme témoin non vaccinés. Les traitements collectifs ont été classées, selon l’historique de l’élevage et le diagnostic, en traitements au sevrage (contre les diarrhées dues principalement à E. coli) et en traitements à plus de 3 semaines post-sevrage généralement contre l’EP.

Pour évaluer le rendement reproductif, on a enregistré le nombre de jours du sevrage à l’abattoir, le poids de la carcasse et le gain de poids.

 

Quels sont les résultats ?

Significativement, moins de porcs des lots vaccinés contre l’iléite ont eu besoin de traitements avec antibiotiques. Quelques cases seulement d’un lot vacciné ont eu besoin de traitements avec de l’oxytétracyline pour de la diarrhée au-delà des 3 semaines post-sevrage. En revanche, 3 lots du groupe non vacciné ont eu besoin d’un traitement contre l’EP pour presque tous les animaux. En général, la consommation d’oxytétracyline a diminué de 79% dans le groupe vacciné. De plus, l’évaluation des données à l’abattoir a montré une amélioration sur la performance du groupe vacciné avec une augmentation du gain de poids de 46 g/jour, une diminution de deux jours de l’intervalle sevrage-abattoir et une augmentation du poids de la carcasse de 1,25 kg.

 

Quelles conclusions tire-t-on de ce travail ?

La nécessité de diminuer l’utilisation d’antibiotiques est évident dans le monde entier. Au moment de la réalisation de l’étude, la pression publique sur l’utilisation d’antibiotiques était particulièrement forte en Europe du Nord. Depuis lors, elle s’est étendue à travers le monde et aujourd’hui, l’utilisation des antibiotiques sur les animaux de production est dans la ligne de mire de toute la planète y compris l’Asie et l’Amérique. Cet article montre que la mise en place d’une vaccination préventive contre l’iléite est une option qui aide à diminuer la nécessité de traitements antibiotiques. On a obtenu une réduction malgré le faible usage d’antibiotiques du système danois.

L’amélioration de la performance des lots vaccinés par rapport à ceux non vaccinés, qui étaient traités quand les signes cliniques apparaissaient, montre que, même sur les périodes pendant lesquelles les signes cliniques ne sont pas évidents, L. intracellularis peut entrainer des lésions légères, subcliniques ou chroniques et affecter négativement le rendement productif. Le vieux dicton s’inscrit parfaitement dans ce cas : mieux vaut prévenir que guérir. 

 

Enric MarcoLa vision du terrain par Enric Marco

La vaccination contre l’iléite n’a pas été mise en place dans tous les pays de la même façon. Evidemment, nombreuses peuvent être les explications qui justifient ces différences. Peut-être la raison la plus courante utilisée a été économique : la vaccination est plus chère que le traitement. Une autre justification pourrait être la relation avec la structure de production qui est différente selon les pays. Dans ceux où prédominent les systèmes d’intégration et où la législation le permet, on priorise les traitements collectifs dans l’aliment vis-à-vis des autres traitements individuels ou adaptés à l’élevage, tels que les traitement/vaccination dans l’eau de boisson. Cependant, dans les pays où on a déjà appliqué un contrôle strict sur l’utilisation des antibiotiques (voir par exemple ce qui se passe au Danemark ou en Hollande) et où leur consommation, par élevage et par vétérinaire prescripteur sont soumis à des contrôles stricts, l’utilisation du vaccin permet de contrôler la maladie sans besoin d’augmenter la quantité d’antibiotiques dispensés.

Cette dernière raison sera peut-être celle qui prédominera en Europe dans un futur pas très lointain. Dans les années à venir, l’usage d’antimicrobiens va être plus contrôlé, selon les grandes lignes indiquées par l’OMS dans son rapport sur la résistante antimicrobienne au niveau mondial de 2014. Dans l’Europe Communautaire, ces restrictions vont être plus sévères, probablement avec des contrôles sur les quantités dispensées, comme en Hollande ou au Danemark. En tenant compte de cette perspective, il est clair que les décisions ne seront pas basées que sur l’efficacité ou le coût du traitement mais aussi sur la diminution de la quantité d’antibiotiques dispensés. L’article illustre parfaitement cette dynamique apportant un avantage supplémentaire à l’utilisation du vaccin contre L. Intracellularis par rapport aux mesures traditionnellement mises en avant.    

Ventes pour les animaux de production (chevaux inclus) en mg/PCU

Ventes pour les animaux de production (chevaux inclus) en mg/PCU (Agence Européenne du Médicament, rapport du 15/10/2013 “Sales of veterinary antimicrobial agents in 25 EU/EEA countries in 2011”).)

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