Figure 1. Le virus SDRP se trouve dans le tractus gastro-intestinal. On observe ici une image agrandie d'une mouche disséquée après ingestion du sang d'un porc infecté par le SDRP. On a retrouvé le virus SDRP vivant dans le sang contenu dans l'intestion de cette mouche. |
Insectes
Les insectes, moustiques (Aedes vexans) et mouches (Musca domestica) se trouvent naturellement dans les élevages porcins durant les mois d'été et on a démontré, en conditions expérimentales, qu'ils peuvent mécaniquement transmettre le virus du SDRP de porcs infectés vers des porcs qui n'avaient pas eu de contact avec le virus. Le virus est logé dans le tractus intestinal des insectes (figure 1). Les insectes ne sont pas des vecteurs biologiques du SDRP, par conséquent, la durée de vie du SDRP dans le tractus intestinal dépendra de la charge virale post-ingestion et de la température ambiante.
Le transport du SDRP par les insectes au travers de zones agricoles a été relevé jusqu'à 2,4 km après le contact avec une population de porcs infectés.
Enfin, le contrôle des insectes dans l'élevage peut se faire en installant des filets au niveau des entrées d'air en même temps que l'utilisation d'insecticides et l’application de certaines règles de conduite d’élevage.
Oiseaux et autres mammifères
Figure 2. Malgré le contact avec des porcs en infection active, il n'a pas été possible de démontrer la transmission du SDRP aux canards. |
Plusieurs études anciennes ont porté sur le rôle de différents mammifères (rongeurs, chiens, chats,...) et oiseaux (moineaux...) dans la transmission du SDRP. Les résultats de ces recherches ont montré qu'aucune de ces espèces n'a été capable de servir de vecteur mécanique ou biologique.
Toutefois, les oiseaux aquatiques migrateurs ont été cités comme vecteurs de transmission du SDRP entre les élevages, étant donné leur nature migratrice et leur tendance à se nicher près ou des fosses à lisier. Cela semble être une hypothèse plausible si nous tenons compte du fait que le SDRP peut survivre dans l'eau jusqu'à 11 jours et dans les effluents de fosses à lisiers jusqu'à 7 jours. Des études ont toutefois été publiés avec des résultats opposés sur la capacité de canards sauvages de répliquer et éliminer le SDRP des porcs par voie féco-orale. Par conséquent, actuellement, cette question reste sans réponse (figure 2).
Aérosols
Actuellement, la transmission du SDRP par aérosol entre les élevages est encore une question polémique. Des données ancienes recueillies lors d'émergences de la maladie en Angleterre montrent que le virus peut être propagé au moyen d'aérosols jusqu'à une distance de 3 km, et de récentes données sur une étude épidémiologique à grande échelle considèrent aussi les aérosols comme voie potentielle de transmission indirecte entre des zones productrices de porcs.
Souvent les aérosols ont été cités comme "propagateurs locaux" du SDRP, un terme utilisé pour décrire la transmission du virus à travers une région au moyen de voies indéterminées. Toutefois, les résultats d'expériences qui évaluaient la transmission du SDRP par les aérosols n'ont pas été constants en obtenant des résultats différents dans les essais de terrain et de stations expérimentales. Des études effectuées dans des conditions de laboratoire ont démontré que la transmission au moyen d'aérosols peut se réaliser sur de courtes distances; on a observé que des porcs infectés expérimentalement pouvaient transmettre le virus à des groupes de porcs proches ou, par contact indirect, à des groupes séparés de 46 ou 102 cm. Plusieurs autres études ont démontré que des porcs infectés expérimentalement pouvaient infecter des porcs sentinelles par les aérosols à des distances d'1m. Il a été aussi démontré que le virus viable pourrait être transporté jusqu'à 150 m en utilisant un modèle muni d'un tube qui permettait la circulation d'air par pression négative, en donnant comme résultat l'infection des porcs sentinelles.
Cependant, malgré ces données, la transmission du SDRP au moyen d'aérosols a été difficile à démontrer dans des conditions de terrain contrôlées. Des essais terrain ont été réalisés ayant pour but de transmettre le SDRP par les aérosols à des porcs sentinelle qui n'avaient pas eu de contact avec le virus mais sans succès, malgré l'utilisation de grandes populations de porcs infectés expérimentalement et dans des conditions conventionnelles. Toutes ces études ont utilisé le même variant du SDRP, une souche de faible virulence appelé MN-30100 provenant d'une truie à infection persistante d'un élevage endémique. Cette observation soulève la question de la relation entre l'élimination et la transmission du SDRP d'une part et la souche d'autre part. Cette hypothèse est appuyée par des données publiées précédemment qui impliquaient l'utilisation d’une souche de référence de faible virulence (VR-2332) et d'une autre souche hautement virulente (MN-1b). Les résultats montrèrent des différences sur les indices de séroconversion, la récupération du virus à partir d'animaux infectés et la transmission du SDRP à des animaux qui n'avaient pas eu contact avec le virus. On a récemment démontré que le pouvoir pathogène de la souche affecte de manière significative la concentration du virus dans les aérosols, la fréquence d'élimination et la transmission du virus par les aérosols. Dans ces expériences on a évalué 2 souches du SDRP : le MN-184 (hautement virulente) et le MN-30100 (faible virulence). Les résultats ont montré des différences significatives dans la fréquence d'élimination et dans la transmission dans les aérosols des porcs infectés expérimentalement par le MN-184 par rapport aux aérosols récupérés de porcs infectés par le MN-30100. Toutefois, les différences dans la concentration du SDRP dans des aérosols d'animaux infectés avec les 2 souches étaient faibles et non significatives (tableau 1).
Ces résultats montrent l'importance du potentiel de transmission par les aérosols en Amérique du Nord et expliquent pourquoi cette voie de transmission est si difficile à reproduire de manière expérimentale. Ils suggèrent aussi que tant la taille de la population que le niveau d'infection, parallèlement au pouvoir pathogène de l'isolat, peuvent être d'importants facteurs de risque pour la transmission du SDRP via l'aérosol dans les conditions du terrain. Il est cependant nécessaire d'effectuer davantage de recherches sur la fréquence de la transmission par les aérosols, les conditions d’ambiance nécessaires permettant la survie du virus dans les aérosols et la distance que le SDRP peut parcourir par cette voie indirecte.
Tableau 1 Concentrations moyennes du RNA du SDRP trouvées dans des échantillons d'aérosol de porcs/groupe dans un délai de temps déterminé.
1 |
3 |
5 |
7 |
9 |
11 |
13 |
15 |
17 |
19 |
21 |
|
SDRP MN-301000 | |||||||||||
2 mois |
0 |
0,04 |
0,4 |
0,02 |
0 |
0 |
0 |
0,06 |
0 |
0,02 |
0 |
6 mois |
0 |
0,1 |
0,3 |
0,05 |
0,1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
SDRP MN-30100 plus M hyo | |||||||||||
2 mois |
0 |
0 |
0 |
0,025 |
0,025 |
0,025 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
6 mois |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0,05 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
SDRP MN-184 | |||||||||||
2 mois |
0 |
0 |
0,083 |
0 |
0,16 |
0,016 |
0,033 |
5,8 |
0,016 |
0,15 |
0,46 |
6 mois |
0 |
0,2 |
0,04 |
0 |
0 |
0 |
1,04 |
0,25 |
0,075 |
0,075 |
0 |
SDRP MN-184 plus M hyo | |||||||||||
2 mois |
0,35 |
0 |
9,62 |
3,34 |
265,64 |
NA |
0,4 |
0,08 |
152,2 |
NA |
3,33 |
6 mois |
0 |
1,14 |
0,58 |
0,025 |
0,05 |
NA |
0 |
0 |
0,025 |
0 |
0 |