Les juridictions financières ont conduit une vaste enquête portant sur les 80 abattoirs publics d’animaux de boucherie (communaux ou intercommunaux) dans neuf régions. Selon les résultats, la plupart des 80 abattoirs publics connaissent de graves difficultés économiques. L’examen de leurs données financières montre que plus la production est faible, plus l’abattoir est en difficulté, sans pour autant que les plus importants d’entre eux soient épargnés dès lors que l’on prend en compte leur endettement.
Les équipements contrôlés sont encore souvent surdimensionnés et sous-exploités, alors que leur production totale ne représente plus que 7 % de l’ensemble de la filière « viande de boucherie ». Fin 2017, la production des abattoirs publics ne représentait même que 5,4 % de la production porcine.
Les tarifs pratiqués ne permettent toujours pas d'assurer l'équilibre des services et les budgets communaux supportent de lourdes charges qui s'assimilent souvent à des aides économiques consenties à des opérateurs privés. Appuyée sur le contrôle de structures locales ainsi que sur des investigations menées auprès du ministère de l’agriculture et d’organismes nationaux, l’enquête a confirmé le risque que de tels équipements font peser sur leur collectivité de rattachement, dont ils déséquilibrent les finances et obèrent d’autres perspectives d’investissement.
La Cour des comptes avait déjà relevé dans son rapport public annuel 1990 les résultats décevants de la planification des abattoirs et souligné l'inadaptation de leur mécanisme de financement, ainsi que des pratiques tarifaires locales aboutissant à des déficits et à une mauvaise répartition des capacités d'abattage. Dans le rapport public annuel 1996, la Cour avait dû à nouveau noter, à propos des abattoirs publics de l’ancienne région Aquitaine, que la plupart de ces installations continuaient d'être sous-exploitées, connaissaient des déficits structurels et constituaient une charge croissante pour les budgets municipaux.
Rapport public annuel: Tome I – Les abattoirs publics
25 février 2020/ Rédaction 333 à partir de données de la Cour de Comptes de France.