Le 21 février dernier, le Gouvernement a confié une mission au député du Lot et Garonne, Olivier Damaisin, visant à dresser un diagnostic partagé à l’échelle nationale et mener une réflexion sur l’identification et l’accompagnement des agriculteurs en difficultés et la prévention du suicide en agriculture.
L’objectif de ce rapport était double : d’abord mieux comprendre et connaître les causes de suicide en agriculture et aussi mieux prévenir, pour être en capacité d’éviter plus de drames. Cette mission visait ainsi à rendre le dispositif d’identification et d’accompagnement plus efficace et plus lisible, mais aussi à comprendre l’impact de certaines controverses sociétales sur l’agriculture et le rôle que peut avoir le phénomène dit « agribashing » sur le mal-être des agriculteurs.
Les 29 propositions du rapport mettent en exergue l’importance du repérage, du maintien du lien avec les personnes en souffrance, le renforcement de l’information et de la coopération entre tous les acteurs institutionnels, professionnels, associatifs au service de l’agriculteur et des salariés agricoles en difficultés comme axes majeurs de prévention du suicide.
L’« agribashing », s’il ne saurait être analysé comme une cause, apparaît comme un révélateur du mal-être agricole, renforçant la nécessité d’une communication positive sur l’agriculture et d’une organisation collective, avec les acteurs institutionnels, associatifs et informels qui soient en mesure de soutenir les agriculteurs au quotidien. La sensibilisation des futurs agriculteurs à la prévention de ces risques, dès leur formation initiale, tout comme la gestion d’entreprise et la question du foncier dans la poursuite d’activité des agriculteurs, sont également des sujets-clés à traiter également dans cette optique.
Même si un certain nombre d’actions ont déjà été mises en œuvre depuis plusieurs années, à la demande du Premier ministre, Julien Denormandie, en lien avec les ministres de la Santé et du Travail, proposera un plan d’action opérationnel, impliquant les partenaires concernés, dans les prochains mois.
L’implication de chaque acteur concerné, dans sa pratique professionnelle, dans son lien social, dans son rapport économique avec les agriculteurs, mais également dans sa perception de la réalité du travail agricole sera au cœur de cette stratégie visant à soutenir ceux qui sont en situation de mal-être et à réduire le risque suicidaire en milieu agricole.
Pour Olivier Damaisin, « la connaissance des facteurs de mal-être et de risque suicidaire progresse, même si le lien entre la situation économique et sociale des agriculteurs et le risque suicidaire est difficile à mettre en évidence. Les initiatives d’accompagnement sur les territoires au plus près des agriculteurs se développent, mais elles ne sont pas forcément coordonnées, ni connues des agriculteurs et des différents acteurs eux-mêmes. Des progrès sont ainsi attendus pour mieux qualifier les risques et organiser localement de façon efficace, la détection, l’écoute et la prise en charge.
Face à un monde en mutation, où la place de l’agriculture et la demande de la société ont changé, le milieu agricole se sent souvent incompris et dévalorisé. Les causes multiples, pas uniquement d’ordre économique, conduisent certains agriculteurs au mal-être, voire au suicide. »
Pour Julien Denormandie, « le rapport d’Olivier Damaisin rappelle que prévenir, détecter, remettre l’humain au cœur des relations, tout en accompagnant les agriculteurs dans leur quotidien doivent constituer un engagement fort de l’Etat. Nous allons nous y atteler dès à présent pour proposer un plan d’action concret, fondé sur les propositions de ce rapport. Nous le devons impérativement à ces femmes et à ces hommes engagés qui font notre chaîne alimentaire et dont nous devons être fiers. »
2 décembre 2020/ Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation/ France.