Dans une lettre d'intention signée le vendredi, la FAO et l'UE prennent l'engagement de collaborer étroitement afin de réduire de moitié le volume de déchets alimentaires par habitant d'ici à 2030, un objectif établi dans le nouvel agenda mondial regroupant les objectifs de développement durable. Par cette lettre, ils s'engagent également à intensifier leur coopération en matière de lutte contre la propagation de la résistance aux antimicrobiens (RAM) dans les exploitations agricoles et dans les systèmes alimentaires.
S'exprimant lors d'une cérémonie de signature organisée au siège de la FAO, à Rome, le commissaire Andriukaitis a déclaré: «Les denrées alimentaires perdues ou jetées représentent un gaspillage scandaleux, inacceptable et immoral de ressources rares qui accroît l'insécurité alimentaire, tandis que la RAM constitue une lourde charge économique et sociétale», ajoutant:«Nous abordons désormais ces problématiques dans une unité renforcée, avec une efficacité accrue et dans le cadre d'une approche plus stratégique, nous avons donc toutes les raisons de célébrer cet accord.»
Qualifiant la résistance aux antimicrobiens de menace mondiale pour l'être humain et les animaux, M. Graziano da Silva a déclaré pour sa part: «Selon la FAO, les antibiotiques et les autres antimicrobiens devraient être utilisés uniquement pour soigner des maladies et atténuer des souffrances inutiles.» Même si, dans certaines situations, on pourrait recourir à ces traitements pour prévenir une infection imminente, «en aucun cas, ils ne devraient être utilisés pour stimuler la croissance», a-t-il indiqué.
«Les pays européens font de grands progrès dans la réduction du recours aux antimicrobiens dans l'agriculture. Leur expérience peut contribuer utilement aux travaux de la FAO, en particulier lorsqu'il s'agit de promouvoir les activités de coopération technique dans les pays en développement», a ajouté le directeur général de la FAO.
Faisant observer que les pertes et le gaspillage alimentaires sont liés à de nombreux aspects du développement durable, M. Graziano da Silva a cité l'importance de partenariats forts comme celui existant entre la FAO et l'UE sur ces questions.
Des préoccupations partagées
À l'échelle du globe, un tiers des produits alimentaires destinés à la consommation humaine (1,3 milliard de tonnes) sont perdus ou jetés chaque année, ce qui entraîne des pertes financières considérables et constitue un gaspillage des ressources naturelles. Rien qu'en Europe, quelque 88 millions de tonnes de denrées alimentaires sont gaspillées chaque année, les coûts associés s'élevant, selon des estimations de l'UE, à 143 milliards d'euros.
Dans le même temps, l'utilisation accrue – voire l'abus – de médicaments antimicrobiens dans les secteurs de la santé humaine et animale a contribué à une augmentation du nombre de microbes pathogènes résistants aux médicaments antimicrobiens utilisés pour les combattre comme les antibiotiques.
La RAM constitue donc une menace croissante qui, selon certaines études, pourrait provoquer pas moins de 10 millions de décès par an et engendrer, pour l'économie mondiale, plus de 85 millions d'euros de pertes d'ici à 2050. Outre les risques pour la santé publique, la RAM a également des répercussions sur la sécurité alimentaire ainsi que sur le bien-être économique de millions de ménages agricoles dans le monde entier.
Des alliés naturels
Le partenariat renforcé acté aujourd'hui démontre que les priorités de la FAO et de l'UE se recoupent dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments et de la sécurité alimentaire.
La FAO mène un effort international pour améliorer la mesure des pertes et des gaspillages alimentaires au niveau mondial, notamment grâce à la publication d'un indice des pertes alimentaires mondiales annuelles; la Commission européenne travaille également à la mise au point d'une méthodologie pour mesurer le gaspillage alimentaire dans le cadre de son «plan d'action en faveur de l'économie circulaire». La FAO est déjà un membre actif de la plate-forme de l'UE sur les pertes et le gaspillage alimentaires.
En juin, la Commission européenne a adopté un nouveau plan d'action de l'UE sur la résistance aux antimicrobiens, fondé sur le concept «Une seule santé» et pleinement conforme au plan d'action mondial de l'OMS sur la RAM ainsi qu'au plan d'action de la FAO sur la RAM 2016-2020, qui se concentre spécifiquement sur ce problème au sein des chaînes alimentaires.
Les possibilités d'une exploitation stratégique des connaissances et ressources disponibles dans les deux organisations sont multiples. On peut citer notamment:
- la synchronisation des efforts pour quantifier les pertes et le gaspillage alimentaires à chaque étape de la chaîne alimentaire;
- le renforcement de l'échange d'informations et d'éléments probants concernant l'utilisation d'agents antimicrobiens dans la production alimentaire ainsi que les meilleures pratiques en matière de gestion de la RAM;
- des actions conjointes de sensibilisation et d'éducation en vue de promouvoir une utilisation responsable des antimicrobiens et d'améliorer l'hygiène au niveau des exploitations agricoles afin de limiter en premier lieu la nécessité de les utiliser;
- l'aide apportée aux pays dans l'élaboration de leur législation en matière d'utilisation des antimicrobiens;
- la réalisation de formations communes et le renforcement des capacités afin d'améliorer les capacités nationales à suivre l'utilisation des antibiotiques dans les systèmes alimentaires et à «cartographier» la présence de la RAM.
La FAO et l'UE s'associeront également pour soutenir les gouvernements dans la mise en œuvre des normes et lignes directrices en matière de RAM adoptées par la commission du Codex Alimentarius.
Outre les contributions obligatoires qu'elle verse régulièrement, l'UE est la principale source de contributions volontaires de la FAO et les deux organisations coopèrent depuis longtemps sur un vaste éventail de sujets.
Vendredi, 29 septembre 2017/ EC/ Unión Européenne.
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