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OIE : Trois nouvelles avancées dans la lutte contre l'antibiorésistance

Lors de la 86e Session générale de l'OIE, les 181 Pays membres ont débattu d’un certain nombre de révisions des normes internationales et lignes directrices de l'OIE visant à renforcer la supervision vétérinaire dans l'utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux au niveau mondial.

31 Mai 2018
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Ces dix dernières années, l'OIE et ses 181 Pays membres ont édifié un ensemble exhaustif de normes et lignes directrices internationales, définissant un cadre pour l'utilisation responsable et prudente des produits antimicrobiens chez les animaux et pour la surveillance et le suivi de la résistance à ces derniers et des quantités de produits antimicrobiens utilisés. Les discussions qui se sont tenues cette semaine lors de la Session générale ont engendré trois principales actualisations et adaptations de ces normes.

Tout d'abord, afin de combattre l'augmentation attendue de la résistance aux antimicrobiens, placer l'usage de ces médicaments chez les humains et les animaux sous la supervision de professionnels médicaux et vétérinaires formés est considéré comme une priorité par la communauté internationale, notamment par l'Alliance tripartite (FAO, OIE, OMS). En adoptant un nouvel ensemble de définitions nécessaires à un encadrement clair de la collecte des données sur l'usage des antimicrobiens, les Pays membres de l'OIE ont fait un grand pas en avant vers le renforcement de la supervision vétérinaire sur l'utilisation des antimicrobiens chez les animaux terrestres.

Ces définitions différencient l'usage médical vétérinaire de l'usage médical non vétérinaire, ce dernier incluant la promotion de croissance. Selon la nouvelle version des normes internationales de l'OIE qui vient d'être adoptée, L’article 6.8.1.-bis du chapitre consacré dans le Code terrestre (bientôt disponible sur www.oie.int/normesamr), l'usage médical vétérinaire désigne l'administration d'un agent antimicrobien à un individu ou à un groupe d'animaux afin de traiter, contrôler ou prévenir une maladie infectieuse.

Chacun des termes « traiter », « contrôler » et « prévenir » ont aussi été clairement définis :

  • « traiter » signifie administrer un agent antimicrobien à un individu ou à un groupe d'animaux présentant les signes cliniques d'une maladie infectieuse ;
  • « contrôler » signifie administrer un agent antimicrobien à un groupe d'animaux comptant des animaux malades et sains (potentiellement infectés) pour minimiser ou faire cesser les signes cliniques et prévenir une propagation ultérieure de la maladie ;
  • « prévenir » signifie administrer un agent antimicrobien à un individu ou à un groupe d'animaux risquant de contracter une infection spécifique ou lorsqu'il est probable qu’une maladie infectieuse apparaisse dans une situation spécifique si jamais ce médicament n'était pas administré.

D'un autre côté, l'usage médical non vétérinaire se définit par l'administration d'agents antimicrobiens chez les animaux dans tout autre but que de traiter, contrôler ou prévenir une maladie infectieuse ; cette définition inclut la promotion de croissance, définie par l'administration d'agents antimicrobiens aux animaux dans le seul but d'accélérer leur prise de poids ou d'augmenter l'efficacité de leur alimentation.

Associés aux normes existantes sur l'utilisation responsable et prudente des agents antimicrobiens chez les animaux (voir www.oie.int/antibioresistance), ces nouveaux textes constitueront un formidable atout pour les Services vétérinaires et leur permettront de plaider pour l’adaptation des législations nationales, et le renforcement de la supervision vétérinaire dans l'utilisation des antimicrobiens chez les animaux. Formés et supervisés de manière adéquate par les Organismes statutaires vétérinaires, les praticiens vétérinaires représentent une part essentielle de la solution dans la lutte contre la résistance aux agents antimicrobiens.

Un autre sujet considéré comme une priorité par l'Alliance tripartite est la suppression progressive de l'utilisation des antimicrobiens des plus précieux pour la santé humaine que sont les promoteurs de croissance dans les systèmes agricoles et d'élevage. En 2017, 60 Pays membres signalaient encore avoir recours aux antimicrobiens en tant que promoteurs de croissance, soit par l'autorisation directe de certains composants, ou parce que le pays ne disposait pas de cadre réglementaire concernant cette question.

À travers l'adoption d'une modification de la Liste OIE des agents antimicrobiens importants en médecine vétérinaire (bientôt disponible sur www.oie.int/normesamr) les lignes directrices de l'OIE considèrent désormais que l'utilisation responsable et prudente des agents antimicrobiens exclut l'utilisation de ceux-ci pour la promotion de la croissance en l'absence d'analyse des risques. Les classes d'agents antimicrobiens appartenant au classement de l’OMS des Antimicrobiens d'importance critique placés en Priorité majeure doivent aussi être considérées comme des priorités majeures pour les pays lors de la suppression progressive de l'utilisation des agents antimicrobiens en tant que promoteurs de croissance. Enfin, la liste de l'OIE déclare que l'utilisation des promoteurs de croissance appartenant aux Fluoroquinolones, la Colistine et les Céphalosporines de 3e et 4e générations devra être interdite immédiatement.

L'adoption de la révision des normes internationales de l'OIE portant sur l'harmonisation des programmes nationaux de surveillance et de suivi de la résistance aux antimicrobiens (Chapitre 6.7. du Code terrestre, bientôt disponible sur www.oie.int/normesamr) a été validée ce jour. Reconnaissant que la surveillance de la résistance aux agents antimicrobiens est un défi technique colossal pour les Pays membres, ces révisions leur fournissent des lignes directrices scientifiques détaillées pour l'organisation des systèmes de surveillance nationaux.

Malgré les progrès réalisés dans la lutte contre l'AMR dans tous les secteurs, notamment depuis l'adoption en 2015 du Plan d'action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens et sa transposition au niveau national par le biais de plus de 100 plans d'action dans le monde entier, des défis de taille demeurent. La révision des normes internationales de l'OIE qui a eu lieu cette semaine lors de la 86e Session générale de l'OIE est signe de l'importance considérable accordée par la communauté internationale à cette question. Elle manifeste également le rôle de leadership de l'OIE et de ses membres sur ce sujet, dans le domaine vétérinaire. Les discussions se poursuivront afin de prévoir les prochaines étapes de cette lutte et de soutenir les pays dans la mise en œuvre des normes internationales de l'OIE, en particulier lors de la 2nde Conférence mondiale de l'OIE sur l'antibiorésistance, qui se tiendra à Marrakech (Maroc) du 29 au 31 octobre 2018, ainsi qu'à travers le partenariat permanent établi avec la FAO et l'OMS dans le cadre de l'Alliance tripartite.

Vendredi, 25 mai 2018/ OIE.
http://www.oie.int

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