La résistance aux antimicrobiens (RAM) est l'un des problèmes de santé publique les plus pressants dans le monde et l'utilisation d’antimicrobiens chez les animaux contribue à ce problème. Il est par conséquent crucial de limiter leur utilisation au minimum nécessaire pour traiter les maladies infectieuses chez les animaux.
Les experts de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de l'Agence européenne des médicaments (EMA) ont passé en revue les mesures prises dans l'Union européenne (UE) pour réduire l’utilisation d’antimicrobiens chez les animaux et soulignent qu'il n’existe pas de solution unique. Les stratégies qui donnent de bons résultats se fondent sur une approche intégrée et multidimensionnelle qui tient compte du système local de production animale et implique toutes les parties prenantes concernées – du gouvernement jusqu’à l’agriculteur.
Les mesures
Parmi les stratégies de lutte qui ont permis d'observer une amélioration de la situation figure l’établissement d'objectifs nationaux de réduction de l'utilisation d’antimicrobiens.
L'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux devrait être réduite au minimum nécessaire pour traiter les maladies infectieuses. Et, mis à part certains cas exceptionnels, leur utilisation pour prévenir ces maladies devrait être éliminée en faveur de mesures alternatives.
Les antimicrobiens d'importance critique pour la médecine humaine ne devraient être utilisés qu’en dernier recours chez les animaux.
Parmi les alternatives aux antimicrobiens qui se sont avérées efficaces pour améliorer la santé animale et, par conséquent, pour réduire la nécessité d'utiliser des antimicrobiens figurent les vaccins, les probiotiques, les prébiotiques, les bactériophages et les acides organiques.
Toutefois, réduire l'utilisation d’antimicrobiens et identifier des alternatives ne suffisent pas. Il est nécessaire de repenser le système d'élevage en mettant en œuvre des pratiques agricoles qui empêchent l'introduction et la propagation des maladies dans les fermes et en se penchant sur des systèmes agricoles alternatifs qui sont viables avec une utilisation réduite d’antimicrobiens. L'éducation et la sensibilisation à la RAM devraient être mises en œuvre à tous les niveaux de la société, mais en particulier auprès des vétérinaires et des agriculteurs.
Quel est l'impact sur les animaux et sur les aliments ?
Les experts concluent qu'il est raisonnable de supposer que le fait de réduire l'utilisation d’antimicrobiens chez les animaux producteurs de denrées alimentaires entraînerait une diminution générale de la résistance aux antimicrobiens, que ce soit dans les bactéries dont ils sont porteurs ou dans les produits alimentaires dérivés. Cependant, ils ne peuvent pas quantifier l'impact des mesures de réduction individuelles ou des alternatives aux antimicrobiens sur les niveaux de résistance chez les animaux producteurs de denrées alimentaires et dans les aliments en raison de l’insuffisance des données disponibles.
Et ensuite ?
En février prochain, l'EFSA et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) publieront leur rapport annuel sur les niveaux de résistance aux antimicrobiens dans les aliments, chez l'animal et chez l’homme à travers l'UE.
L’EFSA, l’EMA et l'ECDC travaillent également sur un rapport qui évalue le lien entre la consommation d'antimicrobiens et le développement d'une résistance dans les bactéries présentes chez l’animal et l’homme. Ce rapport devrait être publié à la fin du mois de juillet 2017.
D’ici la fin de cette année, les trois agences proposeront également une liste d'indicateurs permettant aux gestionnaires du risque de contrôler la réduction de la résistance aux antimicrobiens et de l'utilisation d’antimicrobiens chez l’homme, chez les animaux producteurs de denrées alimentaires et dans les aliments.
Mardi, 24 janvier 2017/ EMA/ Union Européenne.
http://www.ema.europa.eu