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A la mémoire de tous

Le monde agricole breton

1 10-Avr-2008 20:12 (il y a 16 ans 9 mois 1 jours)

Alexis GOURVENNEC - Qu’on l’adore ou qu’on s’y soit opposé, Alexis Gourvennec, qui vient de disparaître à l’âge de 71 ans, ne laissait personne indifférent. Son nom restera lié à la renaissance de la Bretagne dans la seconde moitié du XXe siècle dont il fut, sur terre et sur mer, l’un des acteurs majeurs. Cet entreprenant breton est entré vivant dans la légende dont il a fait briller la gloire jusqu'en Normandie.
Les paysans du Nord-Finistère de l’après Seconde Guerre mondiale vivent mal au gré des méventes de leurs produits. Les rues de Morlaix sont régulièrement pavées de choux-fleurs et d’artichauts quand les cours s’effondrent et que la colère saisit le Léon. Alexis Gourvennec est à sa tête, avec quelques autres. En peu d’années, cet enfant de la misère rurale formé sur les bancs de la Jeunesse agricole chrétienne va organiser la profession, structurer les marchés et ouvrir de nouveaux débouchés en créant, au besoin, une compagnie de transport maritime devenue le premier employeur de marins français.
Alexis Gourvennec est un tribun passionné qui sait sa route. Pour avancer, il écarte tour à tour tous les obstacles toujours au moyen du rapport de forces qu’il excelle à établir. Il ne croit pas à la bonté de l’homme mais il a une foi inextinguible dans sa volonté. Les paysans qui ne partagent pas les mêmes rêves de croissance, redoutant de voir les champs réservés à une poignée de gros propriétaires, seront marginalisés. L’Etat lui-même reculera devant l’impétueux qui rassemble ses troupes sur quelques appels téléphoniques et les déploie dans les rues comme un général en campagne mène une armée de conquête. Paris évitera régulièrement l’affrontement en déversant sur l’agriculture bretonne des tombereaux de subventions et celle-ci deviendra l’une des premières d’Europe. Alexis Gourvennec fera rendre gorge selon les mêmes méthodes à la technocratie bruxelloise.
C’est en prenant le pouvoir au Crédit agricole du Finistère qu’Alexis Gourvennec donnera l’impulsion décisive au secteur qu’il promeut. Adossé à la banque verte, soutenu par les collectivités territoriales qui redoutent autant ses coups de sang qu’elles reconnaissent son savoir-faire, il crée la BAI. L’armement met du chou-fleur frais sur les tables anglaises et, pour ne pas rentrer à vide, ramène vers l’Armorique des buveurs de bière amateurs de musique celtique. La concurrence se rebiffe ? Alexis Gourvennec rappelle au front ses paysans devenus armateurs. Personne ne l’empêchera d’ouvrir, après Roscoff où l’Etat lui a donné de quoi creuser un port en eau profonde, une passerelle à Saint-Malo puis une autre, contre toute attente, à Ouistreham, après avoir pris position à Cherbourg, la tête de gondole du Transmanche.
La Normandie s’éprend à son tour de celui qui transforme le camping municipal en gare maritime et répand sur les chemins vicinaux reliant alors la côte au chef-lieu du Calvados des légions de touristes britanniques. La compagnie bretonne fait son trou dans le paysage normand et aidera jusqu’au Stade Malherbe de Caen à gravir les échelons du football professionnel. La fierté normande doit beaucoup aussi à Alexis Gourvennec …
Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et ce n’est pas insulter sa mémoire que de relever la part d’ombre que laisse dans son sillage l’itinéraire exceptionnel de ce fils de plouc. S’il a contribué à relever la Bretagne d’une grande pauvreté et à la remettre sous les vents portants de la croissance et de la prospérité, à la sortir de son isolement, Alexis Gourvennec a fait prospérer un type d’agriculture polluante pour l’environnement et déstructurante pour la société. Il faudra des années d’investissements publics pour restaurer ce qui a été mis à mal, la qualité des eaux et des sols, l’unité des communautés rurales. C’est sans doute pourquoi cette légende bretonne n’a pas bénéficié de toute la reconnaissance des autorités publiques qui, même sur le tard, le craignaient plus qu’elles ne l’admiraient.


Jean MOAL - La vie de Jean a été très bien remplie au service de l’agriculture et du monde agroalimentaire, dans le Nord Finistère au début, puis dans l’ensemble de la Bretagne très rapidement. Ses engagements dans la vie furent très nombreux et tous menés avec beaucoup d’abnégation et avec, comme seule et unique ambition, de faire que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.
Cette très grande force de caractère, il l’a acquise de très bonne heure à la ferme familiale de Saint Pol de Léon. Ses premiers engagements furent à la JAC, mouvement qui lui insuffla beaucoup de réflexions sur son avenir.
Il fait une 1ère installation avec Marie, son épouse, sur une exploitation à Plouvorn.
Responsable syndical, il s’interroge sur l’avenir du métier et anime énormément de réunions sur l’organisation de l’agriculture, sur l’organisation des marchés. Toutes ces réflexions menées avec ses copains agriculteurs l’amèneront à créer en 1961 la Sica St
Pol. Il assure la responsabilité de vendeur à ses débuts, mais surtout celle de trésorier dès sa création et jusqu’en 1970.
Après un bail de 9 ans dans l’exploitation de Plouvorn, il se voit contraint de se réinstaller, quittant son Léon natal pour le Trégor, à Plouégat Guérand d’abord, puis à
Lanmeur par la suite. Le métier d’éleveur de porc devient alors son activité principale.
A cette époque tout était à imaginer, à créer, à organiser. En 1967, il organisera les producteurs entre eux en créant le 1er groupement de producteurs qu’il baptisera la SICA
LEON ET TREGUIER. Jean s’aperçut très vite que cette organisation était insuffisante compte tenu de la dépendance des éleveurs face à leurs acheteurs.
Il mit à profit toute l’expérience accumulée dans les légumes pour transposer cette réussite d’organisation légumière vers la production porcine. La première réflexion aboutit sur la création du Marché du Porc Breton en 1972.
Les années qui suivent furent l’occasion pour Jean de fédérer autour de cette organisation l’ensemble du secteur porcin régional.
L’éloignement de la Bretagne était un handicap pour le développement des productions agricoles. L’organisation des marchés, par la volonté des producteurs, a créé le dynamisme nécessaire au développement de toute notre région, contre toute attente des pouvoirs en place de l’époque.
Chacun se rappelle ses engagements dans toutes les périodes de difficultés économiques pour la défense et le maintien d’une agriculture vivante et dynamique. A Paris, comme à
Bruxelles, tous ses interlocuteurs se rappelleront de sa connaissance des dossiers, de la justesse de ses analyses et de sa grande capacité à négocier.
La situation des producteurs dans le contexte Européen, démontre qu’avec les pionniers de l’organisation, il avait eu cette lucidité, cette approche de marché tellement visionnaire, que les fondamentaux de ces organisations, mises en place des les années
60, sont toujours d’actualité aujourd’hui, et remplissent leurs missions initiales : équité et transparence pour tous et le juste prix en toute circonstance.
Jean a quitté les responsabilités professionnelles en 1992, mais, est toujours resté disponible à ceux qui lui téléphonaient, et était de bon conseil à ceux qui s’arrêtaient à
Rozeven pour échanger avec lui sur les orientations à venir.
Il restera le symbole de toute une génération qui avait comme seul souci d’oeuvrer pour l’intérêt de tous.
Toujours convaincu de l’intérêt général, il aura donné de son temps pour la collectivité, au détriment du développement de son exploitation et surtout de l’épanouissement de sa vie familiale.
francois

2 12-Avr-2008 8:57 (il y a 16 ans 8 mois 30 jours)

tres bon commentaire !!!
mais si on fait un parallele a vec aujourd hui je pense que nous avons les hommes de cette trempe mais que (notament grace au travail des anciens) ils ne s impliques pas . et oui les temps ont changes nous ne voulons plus sacrifier notre vie de famille et nos exploitations peut etre parceque aujourd hui nous nous sommes installes par choix , bref du coup ceux qui sont a la maneuvre ne sont plus du tout les memes qu avant car les bons restent chez eux.
il faut donc que le temps passe et on reverra des alexis ou des jean mais dans 5 ou 6 ans !!
bref comme on dit chez moi demain il ferra jour .....
Eleveur normand

3 12-Avr-2008 10:44 (il y a 16 ans 8 mois 30 jours)

Au train ou ça va, dans 5 ou 6 ans, il ne restera plus beaucoup d'éleveurs de porcs.
Prix de revient = 1.60
Prix payé = 1.35
Perte par porc = (1.60-1.35)x 88kg = 22 €
Perte / 100 truies = 22€ x 22 porcs x 100 truies = 48 400 € / an
Perte / 200 truies = 96 800 € / an
Pas d'installatons de jeunes éleveurs.
Graves difficultés à trouver des salariés.
Problèmes environnementaux récurents.
Une production soit disant organisée mais incapable de faire bloc face aux GMS et qui s'est laissée imposer des distorsions de concurrence redhibitoires par rapport aux autres régions de production porcine européenne.
Le tableau n'est donc pas si brillant que ça !
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